Les fibres textiles et leur classification

| Mis à jour 07/2025 |

 

La viscose de bambou, la fibre de verre ou les chlorofibres sont-elles des fibres naturelles, artificielles ou synthétiques ? Dans quelle sous-catégorie classer le cuir de champignon ou la soie d’araignée artificielle ? Textile Addict se penche sur les différentes familles de fibres textiles et sur leur classification. 

Les fibres textiles peuvent être organisées en fonction de leur « origine » : nature des matières premières employées et processus de transformation. On distingue 2 groupes principaux : les fibres naturelles (qui existent en tant que telles dans la nature) et les fibres chimiques (fibres manufacturées), chaque groupe étant divisé en sous-catégories. N’importe quelle fibre textile est censée trouver sa place dans un sous-groupe de cette arborescence. Le hic, c’est que les techniques de conception et de production évoluent très rapidement. De nouveaux types de fibres artificielles ou synthétiques apparaissent, boostés par l’essor de la biotechnologie appliquée au textile : c’est le cas des biomatériaux, aussi novateurs que difficiles à classer… Quelle est la classification des fibres actuelle et comment la mettre à jour pour y intégrer les dernières innovations ? 

 

 

Classification des fibres textiles : les principes de base

 

Les fibres textiles se répartissent en deux grandes catégories : les fibres naturelles et les fibres chimiques.

Les fibres naturelles sont obtenues par transformations physiques et mécaniques d’une matière naturelle, sans modifier sa composition.

Elles peuvent être d’origine végétale ou cellulosique comme le coton ou le lin (les fibres sont issus des fleurs, des graines, des tiges, des feuilles des plantes, de la sève), d’origine animale ou protéique, comme la laine ou la soie (les fibres sont issus des poils d’animaux et des sécrétions d’insectes), ou encore d’origine minérale ou silicatée (amiante, métaux, …)

Les fibres textiles chimiques quant à elles se divisent en deux familles : les fibres artificielles et les fibres synthétiques. Les premières proviennent d’une transformation chimique de substances naturelles, généralement de la cellulose, les secondes sont fabriquées à partir de polymères organiques et inorganiques.

 

 

Classification des matières textiles

 

En résumé, voici comment se classent les deux grandes catégories :

 

  • fibres chimiques ( traitement chimique)
    • les fibres artificielles ( fabriquées à partir de matières premières naturelles)
      • cellulose régénérée
        • viscose (provenant de cellulose de bois : écorce de pin, bouleau / d’algues / de plantes oléagineuses : maïs, soja)
          • appelée “Rayonne” lorsqu’elle est sous forme de monofilament, fil continu
          • appelée “fibranne” lorsqu’elle est sous forme de fibres courtes
    • les fibres synthétiques ( fabriquées par synthèse de composés chimiques provenants d’hydrocarbures)
      • polymères organiques
        • issus du pétrole ou du charbon
        • issu du charbon ou de la chaux
          • chlorofibres
        • issu du gaz
          • fluorofibre
        • issu d’une réaction chimique
          • aramides (kevlar, vectran, kermel…)
      • polymères inorganiques
        • carbonne
        • céramique
        • métaux divers

 

 

 

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Les biomatériaux, ces nouvelles fibres en voie de standardisation 

 

L’industrie textile semble avoir exploré toutes les pistes qu’offrent les fibres naturelles, mais la famille des fibres chimiques s’enrichit régulièrement de matériaux innovants. Du fait de leur nature hybride ou de techniques de production inédites, ces nouvelles fibres  ne rentrent pas toujours dans les catégories existantes. 

Jusqu’à récemment, la distinction entre fibres artificielles et fibres synthétiques reposait essentiellement sur l’origine des matières premières qui pouvaient être naturelles, renouvelables et chimiquement transformées (fibres artificielles) ou non renouvelables (fibres synthétiques).

Avec l’apparition de nouvelles fibres chimiques à cheval sur plusieurs catégories, les frontières s’estompent et le classement se complexifie, notamment dans le domaine des biomatériaux artificiels ou synthétiques. Comment intégrer les nouvelles fibres polymères biosynthétiques issues de ressources renouvelables : bio PET, bio PTT, bio PA ou PHA ? Quid de la fibre de champignon, fibre artificielle issue du mycélium composée à la fois de cellulose, de protéines et de chitine ? 

Des questions auxquelles Fashion For Good et Biofabricate ont trouvé des réponses, à l’occasion d’un rapport sur les biotechnologies appliquées dans le secteur textile. Cette étude rassemble les connaissances et le point de vue d’experts dans le domaine des biomatériaux et de leurs techniques de production. Son but ? Expliquer, partager les connaissances afin de mettre en place un langage commun normalisé concernant les produits textiles issus de la biotechnologie, une étape indispensable pour permettre à ces fibres d’avenir de trouver leur place. Leur proposition d’intégration des biomatériaux dans la classification des fibres textiles se trouve dans le tableau ci-dessous.

A lire : Biofabrication : quelles sont les dernières innovations ?

 

classification biosourcing textileaddict©Fashion For Good – Biofabricate

 

 

 

Propriétés des fibres textiles et utilisation

 

Les fibres textiles présentent toutes des avantages (et des inconvénients !) du fait de leurs propriétés physiques et chimiques.

Choisir une fibre textile plutôt qu’une autre n’est jamais vraiment anodin. Sa sélection doit prendre en compte la fonctionnalité du produit, la gestion de son coût de production, son impact environnemental et bien sûr ses qualités esthétiques.

Ce guide répertorie les fibres et matières premières les plus performantes dans un domaine précis : confort, durabilité, isolation, brillance, etc. Il vous aidera à déterminer quelles fibres textiles utiliser en fonction de votre besoin.

Pour compléter, vous pouvez aussi consulter ce tableau des propriétés des fibres textiles classées suivant leurs propriétés physiques et leurs applications :

 

Propriétés des fibres textiles : naturelles, artificielles et synthétiques

Type de fibre Origine Avantages Inconvénients Impact environ- nemental Applications courantes
Coton Végétale (graines de cotonnier) Doux, respirant, absorbant, résistant à la chaleur Froissage facile, faible élasticité, rétrécissement Élevé si non bio (10 000 L d’eau/kg, 25 % des insecticides mondiaux) ; modéré pour le coton bio T-shirts, jeans, linge de maison
Lin Végétale (tige de lin) Résistant, absorbant, sèche vite, thermorégulateur Froissage important, faible élasticité Faible (peu d’eau, sans pesticides) Vêtements d’été, nappes, rideaux
Chanvre Végétale (tige de chanvre) Très résistant, absorbant, durable, antibactérien Texture rugueuse, froissage Très faible (culture écologique, peu d’intrants) Cordes, vêtements, composites
Ramie Végétale (tige d’ortie de Chine) Résistante, brillante, douce, facile à teindre Froissage, coût élevé, nécessite rouissage Faible (peu d’irrigation, sans pesticides) Vêtements, linge de maison
Ortie Végétale (tige d’ortie, ex. Urtica dioica) Légère, solide, écologique Nécessite rouissage, production limitée Très faible (culture sans produits chimiques) Vêtements, textiles éco-responsables
Jute Végétale (tige de jute) Résistant, soyeux, biodégradable, économique Rigide, sensible à l’humidité Très faible (peu de produits chimiques, rouissage) Sacs, tapis, géotextiles
Ananas (Piña) Végétale (feuilles d’ananas) Légère, résistante, brillante Coût élevé, production limitée Faible (déchets agricoles, sans pesticides) Vêtements de luxe, accessoires
Baobab Végétale (écorce de baobab) Résistante, écologique, biodégradable Production limitée, texture rugueuse Faible (culture sans pesticides, rouissage) Cordages, textiles artisanaux
Abaca Végétale (feuilles de bananier) Résistant, léger, biodégradable Nécessite rouissage, production limitée Faible (culture sans pesticides) Cordages, sacs, papier
Sisal Végétale (feuilles d’agave) Résistant, biodégradable Rigide, faible élasticité Faible (culture peu exigeante) Cordages, tapis, géotextiles
Kapok Végétale (graines de kapok) Léger, isolant, biodégradable Fragile, production limitée Faible (culture sans pesticides) Rembourrage, gilets de sauvetage
Raphia Végétale (feuilles de palmier) Souple, biodégradable Faible résistance, production artisanale Faible (culture sans pesticides) Paniers, chapeaux, textiles artisanaux
Coco (Coir) Végétale (enveloppe de noix de coco) Résistant, biodégradable Rigide, faible confort Faible (déchets agricoles, sans pesticides) Tapis, géotextiles, cordages
Kénaf Végétale (tige de kénaf) Résistant, biodégradable Nécessite rouissage, texture rugueuse Faible (peu de produits chimiques) Sacs, cordages, composites
Laine Animale (mouton, chèvre, etc.) Isolante, thermorégulatrice, élastique Entretien délicat, sensible aux mites Modéré (élevage, émissions de méthane) Pulls, manteaux, couvertures
Soie Animale (ver à soie) Douce, brillante, légère, thermorégulatrice Fragile, entretien coûteux Modéré (élevage, pesticides limités) Robes, foulards, lingerie
Alpaga Animale (alpaga) Douce, chaude, légère, hypoallergénique Coût élevé, entretien délicat Modéré (élevage, faible impact) Pulls, écharpes, manteaux
Cachemire Animale (chèvre cachemire) Très doux, chaud, léger Coûteux, fragile, surpâturage Élevé (surpâturage, dégradation des sols) Pulls, châles, vêtements de luxe
Angora Animale (lapin ou chèvre angora) Très doux, chaud, léger Fragile, problèmes éthiques Modéré à élevé (élevage intensif) Pulls, écharpes, vêtements chauds
Mohair Animale (chèvre angora) Brillant, résistant, chaud, léger Peut irriter, entretien délicat Modéré (élevage, similaire à la laine) Pulls, plaids, vêtements d’hiver
Vigogne Animale (vigogne) Extrêmement doux, chaud, rare Très coûteux, fragile, rareté Modéré (élevage limité, faible impact) Vêtements de luxe, châles
Guanaco Animale (guanaco) Doux, chaud, résistant Très coûteux, rare Modéré (élevage limité, faible impact) Vêtements de luxe, écharpes
Qiviuk Animale (bœuf musqué) Très doux, chaud, léger Très coûteux, rare Modéré (élevage limité, faible impact) Vêtements de luxe, tricots
Byssus Animale (grande nacre) Brillant, léger, rare Production très limitée, fragile Faible (ressource naturelle, faible impact) Textiles de luxe, artisanaux
Viscose Artificielle (cellulose de bois, ex. pin, soja) Douce, absorbante, fluide, économique Faible résistance humide, froissage Élevé (produits chimiques polluants) Robes, chemises, doublures
Triacétate Artificielle (cellulose modifiée) Infroissable, facile d’entretien, élégante Faible résistance, sensible à la chaleur Élevé (produits chimiques, non biodégradable) Doublures, vêtements de soirée
Acétate Artificielle (cellulose modifiée) Brillante, douce, aspect soyeux Faible résistance, sensible à la chaleur Élevé (produits chimiques, non biodégradable) Robes de soirée, doublures
Lyocell (Tencel) Artificielle (pulpe d’eucalyptus) Doux, respirant, biodégradable, résistant Coût élevé, entretien délicat Modéré (solvants recyclables, circuit fermé) Vêtements, linge de lit
Bambou Artificielle (cellulose de bambou) Doux, absorbant, antibactérien Procédé chimique polluant, froissage Élevé (produits chimiques, similaire à la viscose) Vêtements, linge de lit
Lenpur Artificielle (cellulose de pin) Doux, absorbant, biodégradable Coût élevé, production limitée Modéré (solvants recyclables, circuit fermé) Vêtements, textiles éco-responsables
Polynosique Artificielle (cellulose modifiée) Résistante, douce, absorbante Coût élevé, production chimique Modéré (produits chimiques, biodégradable) Vêtements, linge de maison
Viscose Rainbow (Len) Artificielle (cellulose, variante Lenzing) Brillante, douce, fluide Faible résistance humide, froissage Élevé (produits chimiques, similaire à la viscose) Robes, vêtements légers
Natural stretch (Tencel) Artificielle (variante de lyocell) Élastique, doux, respirant Coût élevé, entretien délicat Modéré (solvants recyclables, circuit fermé) Vêtements de sport, sous-vêtements
Fibre Lanital Artificielle (caséine de lait) Douce, similaire à la laine Fragile, entretien délicat Modéré (produits chimiques, matière renouvelable) Vêtements, tricots
Fibre de protéines (DuPont) Artificielle (protéines végétales/animales) Douce, biodégradable Production limitée, coût élevé Modéré (produits chimiques, matière renouvelable) Vêtements éco-responsables
Fibre de collagène Artificielle (collagène animal) Biocompatible, douce Coût élevé, production limitée Modéré (produits chimiques, matière renouvelable) Textiles biomédicaux, cosmétiques
Fibre de lait (Caséine) Artificielle (protéines de lait) Douce, similaire à la laine Fragile, entretien délicat Modéré (produits chimiques, matière renouvelable) Vêtements, tricots
Fibre d’alginate de calcium Artificielle (algues marines) Biocompatible, absorbante, biodégradable Coût élevé, production limitée Faible (matière renouvelable, procédés modérés) Pansements médicaux, textiles biomédicaux
Carboxyméthyl cellulose Artificielle (cellulose modifiée) Absorbante, biocompatible Fragile, production chimique Modéré (produits chimiques, biodégradable) Textiles médicaux, produits d’hygiène
Fibre de soja Artificielle (protéines de soja) Douce, absorbante, biodégradable Faible résistance, coût élevé Modéré (produits chimiques, matière renouvelable) Vêtements, textiles éco-responsables
Chitine Artificielle (exosquelette de crustacés) Antibactérienne, biocompatible Difficile à traiter, coût élevé Faible (matière renouvelable, biodégradable) Textiles biomédicaux, filtration
Chitosane Artificielle (dérivé de chitine) Antibactérienne, biocompatible Coût élevé, production limitée Faible (matière renouvelable, biodégradable) Textiles biomédicaux, filtration
Soie d’araignée Artificielle (biosynthétique ou naturelle) Très résistante, légère, biodégradable Production coûteuse, limitée Faible (biosynthèse, faible impact) Textiles techniques, biomédecine
Nano filament de soie Artificielle (soie modifiée) Résistant, léger, biocompatible Très coûteux, production expérimentale Faible (matière renouvelable, faible impact) Textiles techniques, biomédecine
Fibre de plume régénérée Artificielle (plumes recyclées) Légère, isolante, écologique Faible résistance, production limitée Faible (recyclage, matière renouvelable) Rembourrage, textiles isolants
Polyamide Synthétique (pétrole) Très résistant, élastique, léger Peu absorbant, non biodégradable Élevé (pétrole, microplastiques) Collants, vêtements de sport
Polyester Synthétique (pétrole) Résistant, sèche vite, infroissable Non biodégradable, microplastiques Élevé (pétrole, 700 000 t/an de microplastiques) Vêtements de sport, prêt-à-porter
Acrylique Synthétique (pétrole) Doux, léger, imite la laine Boulochage, non biodégradable Élevé (production chimique, microplastiques) Pulls, couvertures, ameublement
Polyvinylique Synthétique (pétrole) Résistante, économique Non biodégradable, faible respirabilité Élevé (production chimique, microplastiques) Textiles techniques, cordages
Polyéthylène Synthétique (pétrole) Léger, résistant à l’humidité Non biodégradable, faible respirabilité Élevé (pétrole, microplastiques) Textiles techniques, sacs
Polyoléfine Synthétique (pétrole) Léger, résistant à l’humidité Non biodégradable, sensible à la chaleur Élevé (pétrole, microplastiques) Tapis, textiles techniques
Polystyrène Synthétique (pétrole) Léger, économique Non biodégradable, fragile Élevé (production chimique, non recyclable) Textiles techniques, composites
Polytétrafluoréthylène (Téflon) Synthétique (pétrole) Imperméable, résistant aux taches Coût élevé, non biodégradable Élevé (production chimique polluante) Vêtements outdoor, membranes
Polyuréthane élasthanne Synthétique (pétrole) Très élastique, résistant Non biodégradable, sensible à la chaleur Élevé (production chimique, non recyclable) Vêtements de sport, sous-vêtements
Aramide Synthétique (polymères aromatiques) Très résistant, ignifuge, léger Coût élevé, non biodégradable Élevé (production chimique complexe) Vêtements de protection, composites
Aramide imide Synthétique (polymères aromatiques) Résistant à la chaleur, ignifuge Très coûteux, non biodégradable Élevé (production chimique complexe) Textiles techniques, aéronautique
Polycarbonate Synthétique (pétrole) Résistant, léger Non biodégradable, coût élevé Élevé (production chimique, non recyclable) Textiles techniques, composites
Polyméthacrylate de méthyle Synthétique (pétrole) Transparent, résistant Non biodégradable, fragile Élevé (production chimique, non recyclable) Fibres optiques, textiles techniques
Modacrylique Synthétique (pétrole) Ignifuge, doux, imite la laine Non biodégradable, faible respirabilité Élevé (production chimique, microplastiques) Vêtements de protection, ameublement
Polybenzimidazole (PBI) Synthétique (pétrole) Résistant à la chaleur, ignifuge Très coûteux, non biodégradable Élevé (production chimique complexe) Vêtements de protection, aéronautique
PBO (Zylon) Synthétique (polymères aromatiques) Ultra-résistant, léger Coût élevé, non biodégradable Élevé (production chimique complexe) Cordages, vêtements de protection
M5 Synthétique (aramide avancée) Ultra-résistant, léger Très coûteux, production limitée Élevé (production chimique complexe) Composites, textiles techniques
Néoprène Synthétique (pétrole) Élastique, imperméable, isolant Non biodégradable, production polluante Élevé (production chimique, non recyclable) Combinaisons de plongée, vêtements outdoor

 

Enfin, pour identifier la nature fil textile et sa composition, vous découvrirez quelques astuces pour réaliser des tests de reconnaissance des fibres naturelles et des test d’identification des fibres chimiques.

 

 

 

Transformation des fibres en fils : la filature et le filage

 

La filature des fibres naturelles

Les fibres naturelles et artificielles s’assemblent par le procédé de la filature pour devenir des fils textiles retors, câblés, multibrins ou encore guipés. Nombre d’interventions mécaniques sont possibles pour donner aux fibres de la cohésion, de l’extensibilité, du volume, de la structure

 

Le filage des fibres chimiques

Les fibres chimiques existent d’abord sous forme de filament. Un filament provient du filage, procédé industriel consistant à extruder une matière continue (la solution d’un polymère additionné de solvant passe dans plusieurs petits trous d’une filière). À la sortie de la filière, les multi-filaments obtenus sont soit réunis pour former des fils continus à la manière du fil de soie, soit coupés en fibres discontinues à la manière de la laine, du coton, etc.

Les fibres de différentes nature, quelles soient naturelles, artificielles ou synthétiques pourront se mélanger pour former un fil multifibres.

 

 

Évolution et tendances des fibres textiles : vers une industrie plus durable

 

L’industrie textile est à un tournant majeur, confrontée à des défis environnementaux et sociétaux croissants. Selon un rapport de Textile Exchange, la production mondiale de fibres textiles a atteint 113 millions de tonnes en 2022, dont 54 % étaient des fibres synthétiques, principalement du polyester, et 46 % des fibres naturelles ou artificielles. Cette domination des fibres synthétiques, bien que pratiques et économiques, pose des problèmes environnementaux majeurs, notamment en raison de leur dépendance au pétrole et de leur contribution à la pollution par les microplastiques. Une étude de l’ADEME (Agence de la transition écologique) estime que 700 000 tonnes de microplastiques sont rejetées chaque année dans les océans, dont une part significative provient des textiles synthétiques lors des lavages. Face à ce constat, les fibres naturelles comme le coton biologique, le lin ou le chanvre, ainsi que les fibres artificielles comme le Tencel (Lyocell), gagnent en popularité pour leur moindre impact environnemental et leurs propriétés biodegradables.

Les innovations dans le domaine des biomatériaux révolutionnent également la classification des fibres textiles. Selon un rapport de Fashion For Good et Biofabricate (2022), les fibres issues de la biofabrication, comme celles produites à partir de résidus agricoles ou de micro-organismes, offrent une alternative prometteuse aux fibres traditionnelles. Par exemple, des entreprises comme Spiber et Bolt Threads développent des fibres biosynthétiques imitant la soie d’araignée, alliant performance et durabilité. Ces avancées permettent non seulement de réduire l’empreinte carbone, mais aussi de standardiser un langage commun pour intégrer ces nouvelles fibres dans les classifications existantes, comme le propose le rapport. De plus, les fibres cellulosiques comme le Lyocell, développées à partir de pulpe de bois, se distinguent par leur douceur, leur pouvoir absorbant et leur faible impact environnemental.

L’ISPO, salon international dédié aux innovations textiles, met en avant des solutions comme les textiles fonctionnels et intelligents, qui intègrent des propriétés spécifiques telles que l’imperméabilité, la thermorégulation ou la résistance au feu. Ces avancées technologiques, souvent basées sur des fibres synthétiques ou artificielles, répondent aux besoins des secteurs du sport et de l’outdoor, mais soulèvent également des questions sur leur recyclabilité. Selon une étude publiée sur MDPI (2024), l’analyse du cycle de vie (LCA) des fibres textiles montre que les fibres naturelles comme le jute ou le lin ont un impact environnemental moindre lors des phases d’agriculture et de tissage par rapport au polyester, qui domine dans la catégorie de l’écotoxicité terrestre. Ces données soulignent l’importance de choisir des fibres adaptées aux usages tout en tenant compte de leur empreinte écologique.

Pour répondre à ces enjeux, l’industrie textile s’oriente vers des pratiques plus circulaires. L’ADEME, à travers son outil Ecobalyse, propose une méthodologie pour évaluer l’impact environnemental des textiles en prenant en compte 16 indicateurs, incluant la production des matières premières, la fin de vie des produits et les rejets de microplastiques. Cette initiative, soutenue par la loi Climat et Résilience en France, vise à rendre obligatoire l’affichage environnemental des textiles d’ici 2025, offrant ainsi aux consommateurs une meilleure transparence sur l’impact de leurs achats. Par ailleurs, des entreprises comme Nouvelles Fibres Textiles développent des technologies de tri et de recyclage automatisés pour transformer les déchets textiles en ressources de qualité, réduisant ainsi l’impact environnemental et favorisant l’économie circulaire.

 

 

La classification des fibres textiles est bien plus qu’une simple catégorisation technique : elle reflète les enjeux actuels de l’industrie textile, entre performance, durabilité et innovation. Alors que les fibres naturelles restent prisées pour leur confort et leur caractère écologique, les fibres chimiques, qu’elles soient artificielles ou synthétiques, dominent par leur polyvalence et leur coût. Les progrès dans les biomatériaux et le recyclage, soutenus par des initiatives comme celles de l’ADEME ou de Fashion For Good, ouvrent la voie à une industrie plus responsable. En intégrant des outils comme Ecobalyse et en adoptant des pratiques circulaires, les acteurs du textile peuvent répondre aux attentes des consommateurs tout en réduisant leur impact environnemental. Cet article offre une base solide pour comprendre ces dynamiques et faire des choix éclairés dans un secteur en constante évolution.

Image de Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.

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