
| Mis à jour 07/2025 |
La viscose de bambou, une fibre textile artificielle obtenue à partir de la cellulose régénérée de la pulpe de bambou, séduit de plus en plus l’industrie de la mode et du linge de maison. Issue d’une plante à la croissance rapide, le bambou, cette matière est souvent présentée comme une alternative écologique aux fibres traditionnelles comme le coton. Cultivé principalement en Chine et dans les régions tropicales, le bambou peut atteindre jusqu’à 25 mètres de haut et pousser d’un mètre par jour sans nécessiter d’engrais, de pesticides ou d’arrosage intensif. Cette robustesse en fait une ressource durable, capable de réduire l’érosion des sols et de limiter la déforestation grâce à sa capacité à se régénérer rapidement, avec trois récoltes annuelles possibles. Cependant, le processus de transformation en viscose, qui repose sur l’utilisation de solvants chimiques comme la soude caustique, soulève des questions environnementales. Découvrons les caractéristiques, les avantages et les limites de la viscose de bambou, tout en examinant son impact écologique et ses applications dans des produits variés, des vêtements en maille aux blouses médicales antibactériennes.
Culture et récolte
Le bambou est une plante rustique qui peut pousser d’un mètre par jour sans avoir besoin d’engrais, de pesticides ou d’arrosage. On le cultive en Chine et dans les pays tropicaux, où il est récolté 3 fois par an.
Le bambou est connu pour éviter l’érosion des sols. Le fait qu’il pousse très rapidement réduit le risque de déforestation dans les zones où il est cultivé.
Procédé de fabrication de la viscose de bambou
La viscose de bambou est issue du procédé viscose qui implique l’utilisation de plusieurs solvants nuisibles à l’environnement.
La pulpe de bambou est préalablement dissoute dans un bain de soude caustique pour faire gonfler la cellulose et séparer les fibres.
Après pressage, la cellulose est plongée dans du sulfure de carbone. On obtient alors du xanthate de cellulose, qui est ensuite dissous dans de l’hydroxyde de sodium.
Le liquide visqueux obtenu est filtré, puis extrudé dans une filière avant d’être plongé dans de l’acide sulfurique afin de former des fils continus.
Propriétés
La viscose de bambou est :
- plus absorbante que le coton ou le Lyocell
- douce
- antibactérienne, anti-odeurs et anti UV
- biodégradable et recyclable
Production
La Chine est le principal pays producteur de viscose de bambou (culture et transformation). Elle détient deux brevets pour son exploitation. La fibre de viscose de bambou est deux fois moins chère que le coton.
Applications
Habillement et linge de maison : vêtements en maille, linge éponge, sous-vêtements, blouses antibactériennes dans le secteur médical…
La fibre peut être utilisée seule ou mélangée avec du coton, d’autres types de viscose ou du polyester.
Les enjeux environnementaux et les avancées de la viscose de bambou
Le bambou est souvent vanté comme une ressource miracle pour l’industrie textile en raison de ses nombreux avantages écologiques. Cette plante, appartenant à la famille des graminées, est l’une des plus rapides à croître au monde, certaines espèces pouvant gagner jusqu’à 1 mètre par jour. Avec environ 40 millions d’hectares de bambou cultivés à l’échelle mondiale, principalement en Asie, cette ressource couvre une superficie significative et contribue à la séquestration du carbone, absorbant jusqu’à 62 tonnes de CO₂ par hectare par an, contre 15 tonnes pour une forêt jeune. De plus, le bambou ne nécessite ni pesticides ni irrigation intensive, contrairement au coton, qui consomme environ 10 000 litres d’eau pour produire 1 kg de fibre. Ces caractéristiques font du bambou une alternative prometteuse pour réduire l’empreinte écologique des textiles, tout en soutenant les économies locales dans des pays comme la Chine, l’Inde ou l’Indonésie, où il est largement cultivé.
Cependant, la transformation du bambou en viscose pose des défis environnementaux majeurs. Le procédé de fabrication le plus courant, appelé procédé viscose, repose sur des produits chimiques toxiques tels que le disulfure de carbone, la soude caustique et l’acide sulfurique. Environ 50 % des déchets dangereux générés par ce processus ne peuvent être recyclés et sont souvent rejetés dans l’environnement, entraînant une pollution de l’air et de l’eau. Selon une étude de 2022, environ 75 % des émissions polluantes de la production de viscose de bambou sont des émissions atmosphériques, impactant la qualité de l’air et la santé des travailleurs. Ces derniers, exposés à des substances comme le disulfure de carbone, risquent des problèmes pulmonaires et neurologiques. Malgré ces inconvénients, des progrès significatifs sont en cours. Par exemple, des systèmes de production en circuit fermé, comme celui utilisé pour le lyocell de bambou, permettent de recycler jusqu’à 99,5 % des solvants, réduisant considérablement l’impact environnemental.
En comparaison, le lyocell de bambou, une alternative plus durable, utilise un solvant non toxique, l’amine oxyde, et un procédé en circuit fermé qui limite les rejets polluants. Bien que ce procédé soit plus coûteux, il est de plus en plus adopté par des marques soucieuses de l’environnement, comme Boody ou TENCEL™, qui a reçu le prix européen de l’environnement pour son approche écoresponsable. Selon ISPO, le marché des fibres discontinues de viscose devrait croître de 27,37 milliards de dollars en 2025 à 40,26 milliards en 2032, avec un taux de croissance annuel de 8,4 %, ce qui témoigne de l’attrait croissant pour ces fibres, notamment les versions plus durables comme le lyocell. En 2022, environ 0,5 % des fibres cellulosiques artificielles étaient issues de matériaux recyclés, un chiffre qui devrait augmenter avec les avancées technologiques.
Pour les consommateurs, il est crucial de vérifier les certifications des produits en viscose de bambou. Des labels comme Oeko-Tex Standard 100 ou GOTS garantissent que les textiles respectent des normes strictes en matière de sécurité chimique et de durabilité. Cependant, comme le souligne l’Agence de la transition écologique (ADEME), la production de viscose reste énergivore, nécessitant une grande quantité d’énergie pour transformer la cellulose en fibres textiles. Les consommateurs peuvent donc privilégier des marques transparentes sur leurs pratiques de production, comme celles utilisant des procédés en circuit fermé ou des bambous issus de forêts certifiées durables. Cela permet de concilier confort, esthétique et responsabilité environnementale.
Un autre point à considérer est l’impact de la culture intensive du bambou. Bien que naturellement durable, le bambou est parfois cultivé en monoculture, ce qui peut entraîner une déforestation pour libérer des terres, ainsi qu’une utilisation accrue d’engrais pour maximiser les rendements. Cela contredit l’image écologique souvent associée à cette plante. Selon The Good Goods, la culture du bambou en Asie, notamment en Chine et en Inde, a parfois conduit à la destruction d’écosystèmes locaux pour répondre à la demande mondiale. Pour contrer ces effets, des initiatives comme celles de Litrax AG, qui développe des fibres de bambou naturelles via un procédé enzymatique sans solvants toxiques, montrent qu’une production plus verte est possible, bien que non encore viable à grande échelle.
Enfin, les propriétés de la viscose de bambou, comme sa douceur comparable à la soie, sa respirabilité et ses capacités d’absorption, en font un choix populaire pour les vêtements techniques, les sous-vêtements et le linge de maison. Cependant, sa durabilité est souvent inférieure à celle du coton, ce qui peut limiter sa longévité. Les consommateurs doivent donc peser les avantages de la viscose de bambou, comme son coût deux fois inférieur à celui du coton, contre ses impacts environnementaux et sa durabilité moindre.
Tableau comparatif : Viscose de bambou, Lyocell de bambou et Coton biologique
Critères | Viscose de bambou | Lyocell de bambou | Coton biologique |
---|---|---|---|
Matière première | Cellulose de bambou, transformée chimiquement | Cellulose de bambou, transformée en circuit fermé | Fibres naturelles de coton, cultivées sans pesticides |
Impact environnemental | Élevé (utilisation de disulfure de carbone, soude caustique, rejets polluants) | Faible (solvant non toxique, 99,5 % des produits recyclés) | Modéré (forte consommation d’eau : ~10 000 Litres d’eau/kg) |
Consommation d’eau | Faible pour la culture, élevée pour la transformation | Faible pour la culture et la transformation | Élevée (~10 000 Litres d’eau/kg) |
Durabilité du tissu | Moyenne (sensible au rétrécissement et au boulochage) | Moyenne à élevée (résistant, doux) | Élevée (robuste, longue durée de vie) |
Coût | Faible (2x moins cher que le coton) | Élevé (procédé coûteux) | Modéré à élevé |
Applications | Vêtements techniques, sous-vêtements, linge de maison | Vêtements techniques, literie, vêtements haut de gamme | Vêtements, literie, ameublement |
Certifications | Oeko-Tex, parfois GOTS (si mélangée avec coton bio) | Oeko-Tex, GOTS, souvent certifié pour circuit fermé | GOTS, Fair Trade, Oeko-Tex |
Sustainability Score | 3/5 (dépend des pratiques de production) | 4/5 (grâce au circuit fermé) | 4/5 (selon les pratiques agricoles) |

Besoin des conseils d'un spécialiste textile ?
Déposez gratuitement votre projet sur Textile Addict,
recevez des devis qualifiés et sélectionnez le freelance idéal.
La viscose de bambou incarne à la fois les promesses et les contradictions de la mode durable. Si le bambou, en tant que plante, offre des avantages écologiques indéniables grâce à sa croissance rapide et sa faible consommation de ressources, le procédé de transformation en viscose reste problématique en raison de son impact environnemental. Les innovations, comme le lyocell de bambou ou les procédés mécaniques, ouvrent la voie à une production plus responsable, mais elles restent marginales face à la dominance du procédé viscose. Pour les consommateurs, choisir des textiles certifiés et privilégier des marques transparentes est essentiel pour soutenir une mode plus respectueuse de l’environnement. En combinant conscience écologique et choix éclairés, il est possible de tirer parti des qualités de la viscose de bambou tout en minimisant son empreinte écologique.
A lire :