Fibre textile : les acryliques (PAN)

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| Mis à jour 07/2025 |

 

Les fibres acryliques, également connues sous le nom de PAN (polyacrylonitrile) et plus connues sous le terme générique « acrylique », sont des fibres synthétiques dérivées de la pétrochimie (produites à partir de houille, de chaux et d’azote, largement plébiscitées dans l’industrie textile pour leur ressemblance frappante avec la laine. Offrant une alternative économique et polyvalente, ces fibres textiles se distinguent par leur douceur, leur légèreté et leur résistance, ce qui les rend idéales pour une vaste gamme de vêtements et d’accessoires, des pulls aux tapis en passant par les vêtements de sport. Leur composition chimique, principalement à base d’acrylonitrile (au moins 85 % pour être qualifiée d’acrylique), leur confère des propriétés uniques comme une bonne isolation thermique et une facilité d’entretien. Cependant, leur impact environnemental, lié à leur origine pétrochimique et à la libération de microplastiques, suscite des débats croissants dans le contexte de la mode durable. Explorez en profondeur les caractéristiques, les usages et les enjeux écologiques des fibres acryliques, tout en proposant des pistes pour une utilisation plus responsable dans l’industrie textile.

 

 

Histoire des fibres acryliques

Les fibres acryliques, ou polyacrylonitrile (PAN), sont nées dans les années 1930, à une époque où l’industrie textile cherchait des alternatives économiques aux fibres naturelles comme la laine. Issues de la pétrochimie, ces fibres synthétiques ont révolutionné la mode et les textiles grâce à leur douceur, leur légèreté et leur durabilité. Leur histoire commence en 1941, lorsque DuPont, pionnier des polymères, met au point une fibre à base d’acrylonitrile. En 1948, après des perfectionnements, DuPont commercialise l’Orlon, une fibre imitant la laine, mais plus résistante aux mites et lavable en machine, une innovation majeure.

Dans les années 1950, les fibres acryliques gagnent en popularité. Leur coût abordable et leur capacité à être teintes dans des couleurs vives en font un choix privilégié pour les pulls, couvertures et tapis. Selon Textile Exchange, les fibres synthétiques, dont l’acrylique, représentent 10 % de la production mondiale de fibres en 1955. Des concurrents comme Monsanto (avec Acrilan, 1952) et Courtaulds (avec Courtelle) entrent sur le marché, stimulant l’innovation. Dans les années 1960, l’acrylique devient emblématique de la mode pop, grâce à sa polyvalence et son esthétique.

Les années 1970 marquent un tournant avec la concurrence du polyester, plus économique. Cependant, les fibres acryliques restent prisées pour leur isolation thermique. Les préoccupations environnementales émergent, car leur production, utilisant des solvants comme le diméthylformamide, est énergivore et polluante, comme le note l’ADEME dans des rapports ultérieurs. Dans les années 1980, les fabricants améliorent les procédés pour réduire la toxicité et explorent des mélanges avec des fibres naturelles, combinant durabilité et confort.

Dans les années 1990, les applications des fibres acryliques se diversifient, notamment dans les textiles techniques et les filtres industriels, grâce à leur résistance chimique. Leur part de marché, environ 6 % selon Textile Exchange (2000), reste stable face au polyester. Les certifications comme OEKO-TEX émergent, garantissant des textiles sans substances nocives. Cependant, la non-biodégradabilité et la pollution par les microplastiques deviennent des enjeux majeurs.

Depuis les années 2010, les fibres acryliques sont scrutées pour leur impact environnemental. Une étude d’ISPO (2021) indique que les synthétiques, dont l’acrylique, contribuent à 35 % des microplastiques marins. En 2022, Textile Exchange rapporte que les fibres synthétiques représentent 60 % de la production mondiale, soit 65 millions de tonnes. Les innovations, comme le recyclage chimique et les filtres capturant 90 % des microfibres (The Good Goods, 2024), visent à réduire cet impact. Des initiatives comme Climate+ encouragent une baisse de 45 % des émissions d’ici 2030.

 

 

Procédé de fabrication

L’acrylique est obtenue par une réaction chimique de polymérisation. L’acrylonitrile (propène + ammoniaque) est polymérisé dans des solvants afin d’obtenir une solution nommée polyacrylonitrile (PAN).

En ajoutant du PVC (Polychlorure de Vinyle) à l’acrylonitrile, on obtient du modacrylique, une fibre similaire à l’acrylique, dotée de propriétés ignifuges.

Le filage s’effectue par extrusion, puis par solidification de filaments continus dans un souffle d’air chaud. Ces filaments peuvent être utilisés tels quels ou coupés en brins pour obtenir des fibres plus courtes.

 

 

Propriétés des fibres acryliques

  • Toucher doux et moelleux, similaire à la laine
  • Légèreté (plus légère que la soie)
  • Très faible pouvoir absorbant
  • Bonne isolation thermique
  • Boulochage par frottement
  • Résistance aux UV, aux produits chimiques
  • Possibilité de plissage durable
  • Infroissabilité
  • N’est pas attaquée par les mites et les moisissures
  • Résistance à la flamme (modacrylique)

 

 

Gros plan sur des échantillons de fibres acryliques, mettant en valeur la douceur et la polyvalence de ces fibres utilisées dans la mode durable et les textiles d'intérieur.

 

 

Production et applications des fibres acryliques

L’essentiel de la production mondiale d’acrylique est concentré en Extrême-Orient (Chine, Japon) et en Turquie

Les fibres acryliques, issues de la polymérisation de l’acrylonitrile, sont prisées pour leur capacité à imiter les qualités de la laine tout en étant plus abordables. Selon une étude de Textile Exchange (2022), les fibres synthétiques, dont l’acrylique, représentent environ 60 % de la production mondiale de fibres textiles, avec une production annuelle estimée à 65 millions de tonnes (contre 90 000 tonnes d’acrylique produites en 2005, soit 8 % de la production mondiale de fibres chimiques).

D’un point de vue technique et esthétique, l’acrylique est un bon substitut de la laine avec laquelle elle partage de nombreuses caractéristiques (apparence, isolation thermique…). Leur popularité repose sur leur durabilité, leur résistance aux mites et leur facilité d’entretien, car elles peuvent être lavées en machine sans risque de rétrécissement. On l’utilise pure ou mélangée, en bonneterie, pour confectionner des vêtements d’hiver, des couvertures et même des tissus d’ameublement. Cependant, leur production nécessite des procédés chimiques intensifs, ce qui soulève des préoccupations environnementales, notamment en termes de consommation énergétique et d’émissions de gaz à effet de serre. Le modacrylique ayant la propriété de ralentir la propagation des flammes, il est souvent employé pour confectionner des vêtements de protection.

L’Agence de la Transition Écologique (ADEME) a mis en lumière l’impact environnemental des fibres synthétiques dans son rapport de 2023 sur l’éco-score textile. Selon ce rapport, la production d’un kilogramme de fibres acryliques génère environ 7 à 10 kg d’équivalent CO2, contre 5 à 7 kg pour le coton conventionnel. De plus, les fibres acryliques contribuent à la pollution par les microplastiques, un problème majeur mis en avant par des organisations comme The Good Goods. Lors du lavage, ces fibres libèrent des microfibres qui s’accumulent dans les océans, affectant la biodiversité marine. En 2021, une étude d’ISPO a révélé que jusqu’à 35 % des microplastiques présents dans les eaux marines proviennent de textiles synthétiques, dont l’acrylique.

 

Marques commerciales

  • Courtelle® (Courtaulds Ltd)
  • Dolan®
  • Dralon® (Bayer)
  • Dunova® 
  • Orlon® (DuPont de Nemours)

 

 

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Défis et Innovations pour une Mode Plus Durable

Face à ces défis, l’industrie textile explore des solutions pour réduire l’empreinte écologique des fibres acryliques. Par exemple, des avancées dans le recyclage chimique permettent de décomposer le polyacrylonitrile pour le réutiliser, réduisant ainsi la dépendance aux ressources pétrochimiques. Selon un rapport de The Good Goods (2024), certaines marques adoptent des procédés de fabrication à faible impact, comme l’utilisation de solvants moins toxiques lors de la production de fibres acryliques. De plus, des initiatives comme le programme Climate+ de Textile Exchange encouragent les fabricants à réduire de 45 % les émissions de gaz à effet de serre liées à la production de fibres d’ici 2030.

Un autre axe d’amélioration concerne la gestion des microplastiques. Des technologies comme les filtres de machine à laver, promus par des organisations telles qu’ISPO, permettent de capturer jusqu’à 90 % des microfibres libérées lors du lavage. Par ailleurs, l’ADEME, via sa plateforme Ecobalyse, propose un outil permettant aux fabricants de calculer l’impact environnemental de leurs produits textiles, incluant les fibres acryliques, sur 16 indicateurs environnementaux, tels que l’écotoxicité et la consommation d’eau. Cet outil, mis à jour en 2025, intègre désormais des critères spécifiques comme les émissions de microfibres, renforçant la transparence pour les consommateurs.

 

Vers une Utilisation Responsable des Fibres Acryliques

Pour les consommateurs, choisir des produits acryliques de manière éclairée peut faire une différence. Opter pour des vêtements de seconde main ou des articles conçus pour une durabilité émotionnelle et physique, comme recommandé par The Good Goods, réduit l’impact environnemental. De plus, les certifications comme OEKO-TEX garantissent que les textiles acryliques sont produits sans substances nocives, améliorant leur sécurité pour l’utilisateur et l’environnement. En parallèle, les designers sont encouragés à combiner les fibres acryliques avec des matériaux plus durables, comme le coton biologique ou le Tencel, pour minimiser leur empreinte écologique tout en conservant leurs avantages fonctionnels.

 

Tableau : Comparaison des Impacts Environnementaux des Fibres Textiles

Fibre Émissions CO2 (kg/kg de fibre) Consommation d’eau (L/kg) Microplastiques Recyclabilité
Acrylique (PAN) 7-10 50-100 Oui Moyenne (recyclage chimique)
Coton conventionnel 5-7 10,000-20,000 Non Élevée
Polyester (PET) 6-9 50-150 Oui Élevée (recyclage mécanique)
Tencel (Lyocell) 3-5 500-1,000 Non Élevée
Laine 10-15 125-200 Non Moyenne

Sources : ADEME (2023), Textile Exchange (2022), ISPO (2021)

 

 

Les fibres acryliques, grâce à leurs propriétés uniques et leur coût abordable, restent un pilier de l’industrie textile, mais leur impact environnemental nécessite une réflexion approfondie. En adoptant des pratiques de production plus durables, en soutenant le recyclage et en sensibilisant les consommateurs, il est possible de concilier les avantages des fibres acryliques avec les impératifs écologiques. À l’heure où la mode durable gagne du terrain, les innovations et les outils comme l’éco-score textile d’ADEME ouvrent la voie à une industrie plus responsable, où chaque choix de matériau compte pour un avenir plus respectueux de l’environnement.

 

 

À lire :

Les fibres textiles et leur classification

Les fibres synthétiques

La laine, une fibre naturelle ancestrale

 

Image de Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.

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