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Artisanale ou industrielle, la teinture apporte une plus-value aux matières textiles en leur offrant des couleurs durables et uniformes. En quoi consiste réellement cet ennoblissement ?
La teinture est un traitement qui consiste à appliquer un coloris précis sur un support constitué de fibres (étoffe, tissu, cuir, bois..) Contrairement aux encres pour l’impression textile qui sont déposées en surface, le colorant de teinture imprègne la matière traitée en profondeur. L’opération permet ainsi de colorer durablement l’ensemble d’un support de façon homogène, dans toute sa longueur et son épaisseur.
Elle est jugée sur sa solidité, c’est-à-dire sa capacité à résister à certaines agressions telles que les lavages, la lumière, les frottements, le chlore, l’eau de mer, etc.
La teinture industrielle, procédés et machines
Les différentes techniques, machines et classes de colorants disponibles permettent de teindre pratiquement tous les types de matières textiles (y compris mélangées) à n’importe quel stade de leur fabrication : fibre, fil, tissu ou vêtement. Le choix du procédé et du colorant dépend à la fois de l’origine des fibres, de leur présentation et du coût de production envisagé.
1. Teinture en bourre
Les fibres textiles peuvent être teintes avant filature, en autoclave. Cet équipement pressurisé permet au bain de teinture chauffé à haute température (plus de 100°C) de circuler à travers les fibres contenues dans un panier perforé.
2. Teinture sur fil / tissé-teint
On teint le filé ou fil pour tisser des étoffes à dessins et des toiles d’excellente qualité. On parle alors de tissé-teint (tissage de fils préalablement teints).
Le fil peut être teint :
- en écheveaux : les écheveaux sont plongés à plusieurs reprises dans un bain de teinture.
- sur cônes : le fil est bobiné sur des cônes perforés qui sont empilés et placés dans un autoclave, une cuve sous pression où circule un bain de teinture à haute température.
- dans la masse (matières artificielles et synthétiques) : le colorant est incorporé dès l’élaboration de la matière, avant le passage dans la filière.
3. Teinture en pièce
Pour obtenir des tissus moins onéreux, de nombreuses étoffes tissées, tricotées ou non-tissées sont teintes “en pièce”. Ces longueurs de matière textile finie peuvent être présentées au large ou en boyau, afin d’être traitées par des machines de teinture industrielle reposant sur des techniques d’application différentes. Suivant le procédé choisi, l’application du colorant est réalisée en discontinu (par épuisement), en continu ou semi-continu. La technique, quant à elle, varie en fonction du type de machine :
- Foulardage
La pièce de tissu est entraînée dans un bain de teinture. Elle y circule grâce à un système de rouleaux pour une meilleure répartition de la couleur. Elle est enfin pressée entre deux derniers rouleaux pour enlever l’excédent de matière.
- En barque
En boyau ou au large, le tissu est alternativement tiré hors du bain, puis replongé en plis dans celui-ci grâce à un système de tourniquet.
- En jet
L’étoffe en boyau, généralement du tricot, circule dans un tube. Elle est entraînée par le bain de teinture (propulsé en jets par une tuyère) du fond de la machine vers le haut.
- Sur overflow
Tissus délicats et tricots peuvent être teints selon ce procédé à haute ou basse pression où le déplacement des étoffes dépend de l’écoulement et du mouvement du bain.
- En autoclave sur ensouple
Après avoir été enroulée sur un cylindre fixe perforé (l’ensouple), l’étoffe au large est placée en autoclave afin d’être colorée dans un bain qui circule à haute température (> 100°C) et sous pression.
- Sur Jigger
Les pièces de tissu (étoffes tissées seulement) sont teintes au large, plongées dans un bain de teinture de faible volume dans lequel elles circulent plusieurs fois, grâce à un système de va-et-vient géré par des rouleaux.
Teinture d’un tissu par foulardage
4. Teinture sur article fini
Rapide et économique, la teinture sur produit fini dite “teinture en plongée” est utilisée depuis les années 1980 pour s’adapter plus vite à la mode. Elle permet de colorer l’ensemble d’un vêtement déjà confectionné. Ce procédé implique que les fils de couture prennent aussi bien la teinture que le matériau principal. La teinture d’articles déjà confectionnés (vêtements, tapis…) s’effectue essentiellement en barque à palettes ou en machine à tambour.
En savoir plus sur la teinture industrielle :
La teinture artisanale
La teinture artisanale ne permet pas seulement de colorer uniformément un textile, mais aussi de composer des motifs. Plusieurs méthodes traditionnelles existent à travers le monde, reposant sur des techniques de teinture « à la réserve » (procédé qui empêche le colorant de se diffuser sur certaines zones afin de créer un motif en négatif).
- Ligatures : Tye and dye en Occident, Bandhani en Inde, Shibori au Japon ou Plangi en Indonésie
La teinture par ligatures repose sur le plissage et le nouage du textile avant teinture. Les noeuds sont maintenus à l’aide de ficelle ou d’élastiques. Cette technique artisanale existe aux 4 coins du monde et permet de réaliser différents types de motifs (noeuds, zigzags, vagues…) monochromes, ou polychromes grâce à des bains de teinture successifs.
- Couture : Adire alabere (Nigéria), Selendag (Sumatra)
En Afrique de l’Ouest et en Indonésie, on coud le tissu préalablement plié ou plissé à l’aide de fil solide ou de raphia. Le textile est ensuite teint, séché et débarrassé des fils de couture pour laisser apparaître des motifs linéaires.
- Batik
Le Batik s’est développé en Inde, en Asie et en Afrique où il a vraisemblablement inspiré le wax. La technique consiste à dessiner à la cire un motif sur un textile tendu, avant de le plonger dans la teinture. Une fois sec, le textile est débarrassé de la cire.
- Ikat
L’Ikat est une technique qui mêle tissage et teinture. Selon les régions du monde, il se décline en version chaîne ou en version trame (plus complexe). Le procédé repose sur la teinture à la réserve de sections de fils avant tissage, de manière à former un motif ikat multicolore d’une grande finesse sur l’étoffe finie.
En savoir plus sur la teinture artisanale :
Les colorants
La mise au point de la teinte d’un colorant repose sur le principe de synthèse soustractive des couleurs : seules les 3 couleurs primaires du cercle chromatique sont utilisées (cyan, magenta et jaune primaire). Le teinturier les mélange en proportion variable pour obtenir la nuance souhaitée.
Une dizaine de substances colorantes sont d’origine naturelle (plantes, invertébrés), alors que plusieurs milliers de colorants sont d’origine synthétique, issus de l’industrie chimique. Ceux-ci sont répartis en 2 grandes classes : solubles ou insolubles dans l’eau.
Les affinités entre colorants et matières textiles varient énormément : c’est avant tout la nature des fibres à teindre qui détermine le type de colorant à utiliser :
- Fibres cellulosiques : colorants réactifs, directs, de cuve, au soufre.
- Laine et soie : colorants acides, directs, au chrome, métallifères (uniquement laine), réactif (emploi limité).
- Fibres synthétiques : colorants dispersés, acides, métallifères, réactifs.
- Polyester : colorants dispersés.
- Acrylique : colorants dispersés, cationiques (aussi appelés basiques)
- Acétate et triacétate de cellulose : dispersés (milieu faiblement acide)
Les fibres mélangées (synthétiques + naturelles) peuvent également être teintes en phase unique dans le même bain lorsque les colorants sont compatibles les uns avec les autres, voire en deux bains ou deux phases successives si nécessaire.
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Colorants, pigments et encres en impression textile et teinture