La technique du batik indonésien au wax africain

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Tout comme l’ikat, l’adire ou le shibori, le batik est une méthode de teinture artisanale à la réserve. En Indonésie, cette technique décorative était déjà appliquée au XIe siècle. Néanmoins, ses origines pourraient être beaucoup plus anciennes, comme le montrent des traces de procédés similaires découvertes en Chine, en Inde et dans des vestiges égyptiens datant de l’époque pharaonique.

Unique en son genre, le batik javanais doit ses spécificités à l’exceptionnel savoir-faire des artisans indonésiens et à la diversité de ses motifs. À tel point que cet art traditionnel a rejoint en 2009 la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’humanité (PCI). Le procédé s’est également exporté en Afrique au début du XXe siècle, où il a été revisité pour devenir l’emblématique wax.

 

 

Le batik indonésien

 

Batik tulis

Le batik tulis est la forme la plus ancienne de batik pratiquée en Indonésie. Les motifs, dessinés à main levée sur du coton ou de la soie, sont obtenus grâce à des réserves de cire d’abeille appliquées sur le tissu avant teinture. Le petit récipient de cuivre à bec utilisé pour tracer les motifs à l’aide de cire chaude se nomme canting, chanting ou djanting selon les graphies.

  • L’artisan commence par dessiner les motifs à la cire sur le textile propre et sec. La consistance de la cire a son importance : elle ne doit pas être trop épaisse pour pouvoir imprégner les fibres, ni trop liquide afin de pouvoir créer des motifs précis, composés de lignes et de petits points.
  • Une fois la cire refroidie, le textile est plongé dans un bain de teinture. Pour colorer les étoffes, on procède généralement de la teinte la plus claire à la plus foncée. Pour les motifs les plus minutieux, la couleur est appliquée sur le textile au pinceau.
  • À la fin du processus, le textile est plongé dans un bain d’eau bouillante pour le débarrasser de la cire, laissant apparaître le design final.

 

Les deux premières opérations (dessin et teinture) sont renouvelées autant de fois que nécessaire, afin d’ajouter successivement de nouveaux motifs et d’apporter à chaque fois une nouvelle couleur sur les zones de tissu exemptes de cire.

Au fil des manipulations, des craquelures peuvent apparaître dans la cire. Qu’elles soient créées volontairement ou par accident, ces petites fissures laissent le tissu s’imprégner de teinture et offrent un effet marbré.

Cette méthode de fabrication par « imprégnation » du support fait que les deux faces du textile sont traitées de la même manière. Un batik traditionnel n’a donc ni endroit, ni envers.

 

Batik cap

Entre le XVIIe et le XIXe siècle, une grande partie de l’Indonésie est sous la domination des Pays-Bas et de l’Angleterre qui s’approprient la technique du batik et la modernisent. Au XIXe siècle, les tampons en bois et en cuivre ciselé se substituent au canting, permettant de couvrir de grandes surfaces de tissu à l’aide de motifs prédéfinis. Plus facile, plus rapide et moins onéreux qu’un travail artisanal, le batik cap est parfois utilisé conjointement avec le batik tulis. Le premier est alors utilisé pour reproduire le motif principal, le second sert à rajouter des détails.

 

Batik print

Le marché du batik a été fortement impacté par le développement de méthodes d’impression industrielle (batik print), moins onéreuses et beaucoup plus compétitives. Avec le risque de voir tomber dans l’oubli les savoir-faire artisanaux et les motifs traditionnels…  L’inscription du batik indonésien au PCI de l’Unesco encourage la sauvegarde de ce patrimoine précieux et aide au développement de nouveaux produits conçus dans les règles de l’art.

 

 

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L’héritage indonésien du wax africain

 

Après avoir été dominée conjointement par l’Angleterre et la Hollande, une grande partie de l’Indonésie rejoint l’empire colonial néerlandais au début du XIXe siècle. Les Hollandais, désormais familiarisés avec le principe du batik, développent des solutions pour mécaniser la production. Ces tissus imprimés en Europe ne rencontrent pas le succès commercial escompté en Indonésie. En revanche, ils trouvent leur public dans l’ouest de Afrique, au Ghana. Dès lors, l’engouement pour le batik croît rapidement et se propage en Afrique occidentale, ainsi qu’au Congo (actuelle RDC).

Les batiks hollandais sont imités et revisités, chaque ethnie introduisant ses propres symboles et motifs traditionnels sur ces textiles rebaptisés wax. Au départ réservées aux élites, les productions européennes de « wax hollandais » s’écoulent facilement. Des usines sont ouvertes sur le continent africain, le plus souvent sous la coupe de compagnies néerlandaises. De plus en plus populaire et accessible, le wax devient un tissu emblématique de l’Afrique et rayonne dans le monde entier. Aujourd’hui, Vlisco (le leader historique du wax hollandais depuis 1846) subit une double concurrence, celle du wax 100 % africain, de plus en plus en vogue sur la scène mode internationale, et celle des productions asiatiques, la Chine ayant racheté de nombreuses usines de production africaines.

 

Le wax africain est donc le digne héritier du batik javanais et tous deux reposent sur le même principe de base, la teinture par réserve à la cire. Toutefois, la comparaison s’arrête là. Du point de vue des techniques de production, des styles graphiques et des thèmes de motifs, wax et batik restent bel et bien deux spécialités distinctes, chacune étant étroitement liée à une identité culturelle bien spécifique.

Pour finir, en cas de doute sur la qualité de fabrication d’un tissu wax ou batik, sachez ouvrir l’oeil : les motifs doivent être aussi « lisibles » et éclatants sur l’envers que sur l’endroit !

 

 

 

 

À lire :

Quelles sont les techniques d’impression textile ?

La teinture artisanale : la teinture à la réserve

Les tissus et motifs en Afrique

 

Image de Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.

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