La teinture artisanale : la teinture à la réserve

Shibori

 

La teinture artisanale « à la réserve » est une technique ancienne qui permet de composer des motifs sur un textile en empêchant le colorant de se diffuser sur des zones prédéfinies.

Différents procédés traditionnels se sont développés sur tous les continents : couture, ligatures, application d’une substance « isolante » avant teinture (pâte, cire…)

Bien que ces techniques de teinture soient toujours pratiquées de manière artisanale, les motifs qu’elles permettent d’obtenir (batik, tie and dye…) sont devenus des sources d’inspiration pour les designers et sont désormais reproduits par impression textile.

 

 

La plus pratiquée : la teinture artisanale par ligatures

 

Le procédé se nomme plangi (arc-en-ciel) en Indonésie, shibori au Japon, bandhani en Inde ou tie and dye dans les pays occidentaux, mais la technique est sensiblement la même aux 4 coins du monde. Les zones de réserve sont obtenues en fronçant certaines parties du tissu puis en les nouant à l’aide d’un lien résistant (fil, ficelle) avant de procéder à la teinture.

Originaires d’Inde, les bandhani sont apparus au XVIIIe siècle en Occident. À l’époque, ces foulards carrés en soie ou en coton ponctués de petits cercles blancs sont très appréciés. Leur popularité les fait voyager jusqu’en Espagne et en Amérique -où ils seront plus tard adoptés par les cow-boys, avant d’évoluer vers le bandana que l’on connaît aujourd’hui, souvent orné de motifs cachemire ou Paisley.

Dans les années 1960 aux USA, le mouvement hippie américain s’approprie la technique du tie and dye pour créer des vêtements uniques et hauts en couleurs… depuis, ce type de motif déclinable à l’infini est régulièrement mis en avant par la mode.

 

shibori_TextileAddictextrait de Indigo Shibori Book: Guide to Resist Dyeing ©Holliandfield

 

  • Technique

 

– Pincer l’étoffe entre les doigts pour former des plis

– Enrouler un fil résistant autour des plis en serrant, puis nouer

– Teindre le textile

– Ôter le lien après séchage complet.

 

Dans certaines parties du monde, on prend soin de glisser des céréales dans le nœud de textile pour que le lien reste bien en place (riz, etc.) Dans d’autres, comme en Afrique occidentale, les nœuds sont réalisés autour d’une pierre ou d’un morceau de bois.

Les motifs obtenus varient selon la disposition des nœuds : ceux-ci peuvent être aléatoires et/ou superposés, indépendants et réguliers façon plumetis, en zigzag (le tissu est plissé avant d’être noué), en vagues obliques (leheria en Inde) lorsque le tissu est roulé en diagonale et noué à intervalles réguliers…

Il est possible d’obtenir un résultat polychrome grâce à plusieurs bains de teinture successifs. L’idée est de rajouter des motifs à chaque étape, en plaçant des nœuds supplémentaires avant chaque bain et en procédant de la nuance la plus claire à la plus sombre.

 

 

 

La teinture par couture

 

Combiner couture et teinture artisanale pour obtenir des motifs linéaires : c’est sur ce principe que repose la technique Adire Alabere (Nigéria). On la pratique aussi sur l’île de Sumatra sous le nom de Selendag, en utilisant de la soie sauvage de type Shantung comme support textile.

 

Adire Alabere_TextileAddictAdire Alabere ©appioafricanfabrics

 

  • Technique

 

– Former des plis (ou un plissé régulier) sur le tissu

– Coudre les plis (main ou machine) avec du fil résistant ou du raphia pour les fixer

– Teindre le textile

– Après séchage, enlever les coutures.

 

 

 

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Le batik, la teinture artisanale à la cire

 

Technique millénaire, le batik est issu de différentes cultures d’Afrique de l’Ouest, du Moyen-Orient et d’Asie (Chine, Asie du Sud-Est, Asie centrale). Dans ces régions du monde, on le pratique encore sur de la soie ou du coton, sous des formes plus ou moins élaborées.

Les batiks les plus sophistiqués viennent d’Indonésie et plus précisément de l’île de Java où les artisans utilisent le canting. Cet outil en bois et en cuivre est doté d’un petit réservoir percé d’un trou qui permet à la cire chaude de s’écouler en filet pour tracer des motifs complexes à main levée. Le batik indonésien est inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité et sa technique a inspiré d’autres types de tissus comme le wax africain.

 

teinture naturelle batik indonesien_TextileAddict©Batik indonésien

 

  • Technique

 

– Tendre l’étoffe sur un cadre

– Après avoir chauffé la cire, dessiner le motif (à l’aide d’un canting ou au pinceau)

– Teindre le textile

– Après séchage complet, débarrasser le tissu de la cire en le plongeant dans de l’eau bouillante ou en transférant la cire sur un papier buvard par repassage.

 

La technique permet de superposer les couleurs en protégeant les zones déjà teintes avec de la cire au fur et à mesure des bains, ou de créer des effets de nervures par craquelage de la cire solidifiée avant teinture.

 

 

 

L’ikat, la teinture artisanale appliquée au tissage

 

L’art de l’ikat consiste à teindre certaines zones des fils de chaîne (et/ou de trame) avant de les tisser. Ce procédé à la fois long et méticuleux permet d’obtenir des motifs d’une grande délicatesse, caractérisés par des contours un peu flous. L’ikat s’est développé en Asie, au Proche-Orient, en Afrique occidentale, au Yemen, en Inde, en Amérique latine… Il en existe trois versions : l’ikat de chaîne, la technique la plus répandue où seuls les fils de chaîne sont teints à la réserve (Asie, Proche-Orient, Afrique occidentale, Amérique latine), l’ikat de trame (Yémen, Inde, Asie du Sud Est, Majorque, Japon -où l’ikat se nomme kasuri) et l’ikat double, le plus complexe à réaliser.

 

ikat_TextileAddict

©tissu-indien.com

 

  • Technique (ikat de chaîne)

 

– Les fils de chaîne sont tendus sur un cadre

– Certaines sections sont regroupées en faisceaux et nouées selon le motif à obtenir à l’aide de ficelle solide ou d’élastique

– Les fils sont plongés dans un bain de teinture

– Après séchage, les nœuds sont défaits, puis les fils sont enroulés sur l’ensouple du métier à tisser.

Le tissage peut commencer, laissant apparaître le motif final au fil du travail.

 

Pour obtenir un ikat multicolore, on utilise plusieurs bains de teinture successifs (de la plus claire à la plus foncée) en ajoutant des nouages supplémentaire sur les sections avant chaque teinture.

Pour l’ikat de trame et l’ikat double (Inde, Asie du Sud-Est), le textile n’est immergé qu’une seule fois dans un bain de teinture. Le reste des opérations s’effectue en déposant directement le colorant sur certaines parties du fil.

 

 

À lire :

La teinture

Qu’est-ce que l’ennoblissement ?

Quelles sont les techniques d’impression textile ?

Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.

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