Le cuir

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Au sens strict, le cuir est un matériau naturel d’origine animale. En quelques décennies, de nombreux substituts de cette matière ont vu le jour, une tendance qui s’accélère depuis l’avènement d’une mode plus responsable. À tel point que dans le langage courant, le terme « cuir » qualifie désormais toutes sortes d’imitations présentant une apparence, une texture et des propriétés très similaires. On a désormais le choix entre différents types de « cuirs » naturels ou synthétiques, d’origine animale, végétale, voire végans… Découvrez le cuir dans tous ses états !

 

 

1 – Le cuir animal

 

Cela fait environ 5 000 ans que l’être humain fabrique du cuir animal. Ce matériau noble et naturel est apprécié pour sa souplesse, sa résistance et sa durabilité. Au fil du temps, les techniques de fabrication se sont affinées mais elles reposent toujours sur les mêmes bases : c’est est une peau d’animal préparée, puis tannée. À l’heure actuelle, la majorité des peaux que nous utilisons proviennent d’élevages bovins (vache, veau, buffle), ovins (agneau, mouton), caprins (chèvre, chevreau…), équidés ou porcins. Il existe également des matières rares et exotiques comme le cuir d’autruche, de reptile (lézard, serpent, crocodile…) ou de poisson (truite, saumon, tilapia…) Une fois tannées, les peaux devenues cuir sont essentiellement employées pour la confection de vêtements, de produits d’ameublement et d’éléments de décoration.

 

Tannage et corroyage, deux étapes-clés

Au cours du tannage, la peau préparée subit un traitement chimique d’origine minérale ou végétale, destiné à la rendre plus souple, résistante et imputrescible.

– Le tannage minéral est le procédé le plus récent, le plus rapide et le plus couramment utilisé. L’utilisation de tanins chimiques d’origine minérale (sels de chrome, de fer ou de zirconium) permet d’obtenir des cuirs plus ou moins souples et résistants en 24 h maximum.

– Le tannage végétal est une méthode très ancienne, mais aussi plus longue basée sur l’utilisation de tanins végétaux. Le traitement d’une peau peut durer de quelques jours à plusieurs mois. Plus rarement employé que le tannage minéral, il est surtout destiné à produire des cuirs très fermes, voire durs, utilisés en sellerie, en ameublement… Celui obtenu par tannage végétal porte parfois le nom de cuir végétal.

Le process de transformation d’une peau animale en cuir s’achève avec le corroyage et le finissage. La matière obtenue correspond à un grade déterminé en fonction de sa qualité (« pleine fleur », « fleur sciée », « fleur corrigée »…) Un cuir animal peut être nubuck, velours, nappa, vernis, box… Ses caractéristiques varient en fonction de sa nature, du type de tannage employé et des finitions.

 

Les étapes de production du cuir

production cuir_TextileAddictexemple de processus de production du cuir (tiré de l’étude « Understanding « BIO » material innovations menée par Biofabricate et Fashion for Good) :

1. Culture agricole pour l’alimentation animale

2. Elevage

3. Exemple de produit primaire (exp : alimentation)

4. Peau animal

5. Dégraissage

6. Découpe

7. Tannage (+ rasage et taille) 

8. Tannage à nouveau et Corroyage, teinture et graisse (+ séchage et adoucissement)

9. Finissage

10. Exemple de produit fini : cuir 

 

 

2 – Les cuirs alternatifs : synthétique, végétal, vegan…

 

Tout comme la fourrure naturelle, le cuir animal est pointé du doigt depuis plusieurs années. D’un point de vue éthique et environnemental, sa fabrication pose problème : abattage et maltraitance des animaux, impact négatif des élevages sur la planète, nocivité des produits de tannage… Face à par l’émergence d’une mode responsable, le développement de produits apparentés au cuir est en pleine progression et les propositions foisonnent. Par conviction personnelle et/ou pour correspondre à certaines valeurs de leurs consommateurs, nombre de créateurs délaissent le cuir animal au profit de « cuirs synthétiques », comme Stella Mc Cartney, par exemple. D’autres préfèrent se tourner vers des matériaux végétaux innovants à faible empreinte écologique. Ces nouvelles matières ont l’apparence du cuir animal et parfois les mêmes propriétés… Qui sont ces imitations pleines d’avenir ?

 

Le « cuir synthétique »

Le « cuir synthétique » est un cuir d’imitation proposé sous la forme d’une toile enduite de matière plastique (polyester, PVC, polyuréthane…) On le connaît aussi sous le nom de « Skaï » ou simili-cuir. Pas si récent que ça, il a connu un grand succès après la seconde Guerre Mondiale, permettant de produire à moindre coût un matériau pratique, facile à entretenir et tout à fait capable de se substituer au cuir, du moins en apparence. De nos jours, le « cuir synthétique » s’inscrit parfois dans une logique d’économie circulaire et de recyclage, mais il reste un dérivé du pétrole, donc pas vraiment écoresponsable. Cela n’empêche pas certaines marques de mettre en avant le simili dans leurs collections sous la dénomination « éco-cuir » ou même en tant que « cuir vegan ». Pourtant, on peut difficilement le considérer comme tel : loin d’être « cruelty-free », il est souvent testé sur des animaux avant sa commercialisation.

 

Le « cuir végétal » et ses contradictions

Certaines matières d’origine animale à tannage végétal sont parfois proposés sous la dénomination « cuir végétal ». Bien que tout à fait légal (voir plus bas), cet argument marketing entraîne la confusion chez les consommateurs, pensant souvent acheter un produit respectueux de la cause animale. Dans les faits, mieux vaut s’informer précisément sur la composition d’un produit qualifié de « cuir végétal » avant de faire son choix. Pour plus de transparence, ceux réellement vegans font souvent l’objet d’un label ou d’une certification facilement identifiables par un pictogramme.

 

Le « cuir vegan », une matière vraiment végétale

Faute de pouvoir porter officiellement le nom de cuir, ils se nomment Pinatex, Frumat ou Muskin… Issue du monde végétal, la famille des « cuirs végans » se caractérise par une ressemblance frappante avec la matière animale et une composition étonnante. Ces « cuirs végétaux » « nouvelle génération » ont le vent en poupe : écoresponsables, ils sont souvent produits à base de déchets alimentaires végétaux recyclés, toujours respectueux du bien-être animal, mais aussi solides, durables et esthétiques… Parmi les « cuirs vegan » à fort potentiel, il y eut l' »éco-cuir« , un matériau 100 % naturel (association de fibres de coton, lin, maïs ou soja et d’huiles végétales) créé en 2014 par une start-up américaine. Imperméable, respirant, plus résistant que la peau animale, biodégradable et peu cher, l’éco-cuir n’avait que des atouts. Le seul regret, c’est qu’il n’ait pas encore été commercialisé… Après avoir suscité l’intérêt de grandes marques de sport, plus aucune nouvelles de ce matériau prometteur.

 

cuir vegan

baskets ©Hugo Boss // Sac bandoulière ©H&M collection Conscious

 

En revanche, plusieurs « cuirs végans » créés récemment voient leur côte de popularité monter en flèche. Les cuirs de raisin, de pomme et d’ananas inspirent les créateurs et séduisent les « consomm’acteurs », tout comme le cuir de liège, de champignon (Muskin), de cactus, de mangue ou d’hévéa… De grandes marques telles qu’Hugo Boss, Puma, Camper ou Le Coq Sportif ont amorcé un virage vers le changement en adoptant le Pinatex, du cuir d’ananas. Chez Womsh, les sneakers se déclinent en Frumat, un « cuir vegan » composé de pépins et de peaux de pomme. Le géant du prêt à porter H&M intègre désormais du cuir de raisin à certains sacs et chaussures de sa collection « Conscious », et la marque d’accessoires Luxtra a fait du « cuir vegan » son coeur de métier. Loin de se cantonner au secteur de l’habillement, le « cuir vegan » gagne peu à peu du terrain dans le secteur de la décoration et de l’ameublement. Chez Cassina, une fibre textile à base de pomme habille même plusieurs canapés signés Philippe Stark !

 

fibre pomme cuir_TextileAddict©Cassina

 

 

Que dit la loi concernant le terme « cuir » ?

 

Sur le plan commercial, l’utilisation du mot « cuir » est strictement réglementée. En France, plus aucune étiquette ne comporte la mention « simili-cuir », « faux-cuir » ou « imitation cuir ». Depuis le 8 janvier 2010, la commercialisation des produits issus de l’industrie du cuir est encadrée par un décret destiné à mieux informer les consommateurs. Officiellement, le terme « cuir » ne peut s’appliquer qu’à un cuir naturel, obtenu par le tannage d’une peau animale. S’il s’agit d’un matériau l’imitant, le fabricant est tenu d’indiquer précisément la nature et l’origine des matières premières, sans jamais employer le mot « cuir » dans un but marketing.

 

 

 

A lire :

Cuir vegan vs cuir animal : lequel choisir ?

IMITATION : Des peaux de bêtes plus vraies que nature !

La fibre textile d’ananas

Le cuir de poisson

 

Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.

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