Les Fashion Weeks récentes ont soumis l’idée de porter des sous-vêtements comme vêtements à part entière. Mais on le sait, la mode est un éternel recommencement. Sans spoiler l’avenir de certaines tendances comme le « no pants » ou la bralette, il est peu probable qu’elles connaissent le même fabuleux destin que le t-shirt, lui aussi anciennement pièce de lingerie ! Mais comment cette simple pièce de coton est-elle parvenue en un siècle à s’adapter aux évolutions culturelles, sociales ou technologiques et s’imposer comme un symbole de la culture contemporaine ?
Naissance du T-shirt
L’origine du nom « t-shirt » est dictée par sa forme en « T » lorsqu’il est déployé (prononcé « ti » en anglais) et shirt, signifiant chemise. Mais, malgré des résonances anglo-saxonnes, il semblerait que sa conception ait été influencée par la marinière française apparue dès 1858.
Avant de devenir une pièce de mode intemporelle, retour à l’ère de la révolution industrielle, quand le t-shirt n’était encore qu’un sous-vêtement porté par les hommes de la classe ouvrière. Par son confort et sa simplicité, il a vite gagné en popularité. Facile à porter, il est durable et confortable, seul petit luxe pour ces travailleurs qui évoluent dans des conditions de travail extrêmement difficiles.
Rapidement adopté par la marine américaine dès 1913, il offre une alternative plus pratique que l’uniforme traditionnel. Capable d’absorber la transpiration, il laisse place à une plus grande liberté de mouvements qui séduit rapidement tous les soldats.
D’abord maillot de corps, il est progressivement utilisé comme vêtement d’intérieur fonctionnel, avant que des fabricants comme Fruit of the Loom ou Hanes dans les années 30, lui décèlent un autre potentiel. Leur vision, novatrice pour l’époque, l’imagine déjà comme un vêtement d’extérieur, audacieux et tendance. Pari gagné.
Transformation du t-shirt à travers un siècle d’existence
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’US Army et l’US Navy fournissent à leurs troupes un paquetage contenant des t-shirts en coton blanc à manches courtes. Grâce aux photos de presse, l’image de soldats triomphants vêtus de t-shirts commence à se répandre, contribuant à populariser le vêtement en Europe.
Mais il faudra attendre les années 50 et l’influence des stars hollywoodiennes pour donner à la pièce une tout autre aura. Le rayonnement international de James Dean et Marlon Brando a grandement contribué à propulser le t-shirt au rang de vêtement tendance, devenant un symbole de virilité rebelle. L’engouement mondial pour le t-shirt n’est pas une fiction cinématographique, mais bien une réalité !
Il va gagner ses lettres de noblesses dans les années 60 et 70’s, en partie grâce aux avancées technologiques. L’apparition de matières innovantes (mélange de coton et polyester) ou la sérigraphie vont lui permettre de devenir un support vivant sur lequel chacun revendique des messages à caractère artistique, politique ou social.
Pilier de la culture de masse dès les années 80 et 90, il est adoubé par les marques, les groupes de musique, les acteurs ou artistes, qui en font un puissant vecteur d’expression, toutes générations confondues. Enfin, à l’aube du XXIe siècle, il tutoie les sommets de la gloire en intégrant les défilés de Haute Couture. D’abord chez Saint-Laurent et Dior dès les années 70, avant que Chanel, Calvin Klein, Armani et tous les autres ne leur emboîtent le pas.
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Un tee-shirt, des coupes et matières
Dès le XIXe siècle, les progrès technologiques dans le domaine du tissage ont facilité la production en masse de t-shirts aux coupes et compositions variées. D’abord en maille tricotée puis en laine, c’est à la fin du XIXe siècle que le t-shirt en flanelle blanche fait son apparition dans les uniformes militaires, avant d’être abandonné au profit de la maille de coton dans les années 1930.
La coupe simple, droite, avec un petit bout de manches, la forme « T », est rapidement revisitée. Les années 1950 voient l’apparition de coupes plus ajustées, mettant en valeur les silhouettes. Les années 1960 introduisent les mélanges de coton-polyester, rendant le t-shirt plus durable, plus résistant et plus facile d’entretien car infroissable. Les années 80 et 90 lui préfèrent les t-shirts oversize aux cols en V, col bateau ou col polo, quand les années 2000 assistent à la naissance des tissus techniques pour les vêtements de sport et aux prémices des matériaux plus durables.
Et quid du t-shirt d’aujourd’hui ?
La diversité des coupes, tailles ou matériaux existants l’impose comme un must have unisexe et intergénérationnel. Le t-shirt contemporain est largement influencé par l’individualisme et l’impact du numérique : il devient le reflet de notre propre identité. À l’aide de logos, messages ou dessins humoristiques, il est personnalisé à la demande, permettant à chacun de révéler une part de sa personnalité ou faire état de son humeur du moment.
Parallèlement, la généralisation du commerce en ligne et des réseaux sociaux facilite l’interaction avec les marques. Elles sont capables d’une réactivité quasi immédiate pour adapter leurs designs aux suggestions de leurs clients. Une influence digitale poussée à l’extrême, si bien qu’elle donne même naissance à des innovations numériques, type NFT, permettant la création de t-shirts fictifs, destinés à être portés dans des environnements virtuels !
Mais revenons plutôt à la réalité, la multiplication de collabs entre les marques, les artistes, ou sportifs, atteste d’une nouvelle dimension pour le t-shirt, qui, produit en édition limitée, devient une pièce de collection convoitée. Par ailleurs, l’engouement pour la mode durable a incité les marques à repenser leur production. De plus en plus de t-shirt sont éco-conçus, à partir de matériaux recyclés ou plus responsables, répondant à une demande croissante de pièces éthiques.
Depuis plus d’un siècle, le t-shirt se réinvente constamment en s’adaptant aux tendances et aux mutations de la société. À chaque époque, tel un miroir du monde qui l’entoure, il repousse les limites traditionnelles de la mode. Il s’inscrit toujours, quelle que soit l’époque, comme une pièce contemporaine de nos dressings.
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