Créer un motif, les différentes techniques

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Comment sont créés les motifs qui ornent nos vêtements, nos murs, nos sols, nos objets de décoration et bien plus encore ? Amande Noyée, designer textile et printaddict retrace pour vous l’histoire des différentes techniques utilisées au fil du temps pour créer un motif.

 

 

Comment étaient créés les motifs avant le 19ème siècle, avant la Révolution Industrielle ?

 

C’est difficile de s’imaginer que sans toute la technologie que nous connaissons aujourd’hui, ils existaient de nombreuses techniques de fabrication toutes aussi précises. 

La méthode la plus ancienne pour créer un motif est la méthode du tissage. Le motif apparaît au fur et à mesure que l’on tisse le tissu. Les trouvailles archéologiques montrent que cela fut possible dès l’Antiquité. En termes techniques, le tissage est l’entremêlement des fils de chaîne et de trame à angles droits.

Bien sûr, je pense que vous avez tous entendu parler aussi du tressage, crochet, macramé, tricot, dentelle. Ces méthodes sont ancestrales et pourtant les tutoriels DIY actuels en regorgent et on adore ça car les possibilités de création sont infinies.  Le choix de la matière, la technique de « tissage », la texture des fils, la couleur, l’épaisseur permettent de donner vie à nos idées les plus folles.   

 

Creer un motif, les differentes techniques textileaddict

 

Pour mieux les différencier :

 

  • Le tressage : entrecroisement des fils en diagonale.

 

  • Le macramé : nouage des fils.

 

  • Le crochet : une boucle ou plusieurs passent dans une boucle précédemment réalisée. Une seule aiguille avec un crochet au bout est nécessaire. Pour le tricot, même principe, un ou plusieurs fils sont repliés en boucles solidaires les unes aux autres. Deux aiguilles lisses ici.

 

  • La dentelle : « tissu ajouré constitué par l’entrelacement de fils formant un fond de réseau sur lequel se détachent des motifs décoratifs ».  Définition du Larousse, ça ne s’invente pas.

 

Avec le développement du marché textile, au 16ème siècle, l’industrie de la maille (tricotage) se développe en Europe.

Par la suite la création du métier à tisser circulaire a rendu possible la réalisation de bas à motifs dès la fin du 17ème. Quant à M. Joseph Jacquard, ce mécanicien-tisserand lyonnais a eu une idée géniale en 1801. Il a transformé le métier à tisser pour pouvoir créer des motifs plus détaillés, plus complexes grâce à un système de carte qui automatise le métier. C’est le début d’une petite révolution avec le tissage Jacquard. Tout est automatisé de nos jours, mais certains ateliers gardent la tradition du métier à tisser comme chez Malhia Kent.

 

Vous allez me dire : la broderie et les motifs imprimés dans tout ça !

En effet, on brode depuis l’Age de Bronze (soit environ 2000 ans avant J-C). On utilise une aiguille, du fil et une étoffe ou autre support comme du cuir sur lequel on vient coudre le motif. Selon le type de points, les fils (coton, soie même métal), la couleur et pourquoi pas en incorporant des perles, coquillages, sequins, graines….. le motif apparaît et prend du relief. Aujourd’hui cette technique est encore très répandue. Lors des défilés Haute Couture la Maison de broderie Lesage nous offre des ornementations à nous couper le souffle. Dans le prêt-à-porter aussi, on n’y échappe pas. Qui n’a pas ce petit tee-shirt avec des fleurs brodées ou bien une broche brodée ?

 

Enfin, les techniques d’impression du textile évoluent parallèlement à celles du papier. Les motifs imprimés produisent une richesse de styles, de détails et d’images. La plus ancienne est la méthode du bloc (ou tampon), elle remonte à environ 550 avant J-C en Egypte. Le dessin est gravé dans du bois ou métal, on applique de la teinture dessus puis on le dispose sur la surface à imprimer. C’est l’ancêtre de la sérigraphie.

Ce travail est artistique mais fastidieux et lent. Pour pouvoir recouvrir des surfaces de tissus de plus en plus importantes en moins de temps, les machines ont vu le jour au 19ème siècle.

 

 

 

 

Une nouvelle ère pour imprimer un motif textile

 

Pourquoi cette époque est-elle si importante ? Concrètement, le phénomène de mécanisation a bouleversé nos sociétés, nos habitudes. Ainsi la production de masse n’a pas échappé au domaine textile. Un artisan produisait un mètre de tissu alors qu’au même moment l’usine d’en face en avait fait 100 et pour moins cher. On pouvait alors se poser la question de la qualité, néanmoins encore aujourd’hui les techniques artisanales perdurent, parallèlement aux techniques industrielles qui n’ont eu de cessent d’évoluer et de se perfectionner.

Si je vous dis Oberkampf, ça vous parle ? Oui la station de métro ligne 5 à Paris. En fait, Christophe-Philippe Oberkampf, pour la petite histoire, est un industriel qui a conçu les premiers rouleaux en cuivre sur lesquels étaient gravés les imprimés. Chaque rouleau appliquait alors une couleur. Cette technique a donc remplacé l’impression au bloc pour accroître la productivité. M.Oberkampf est connu aussi pour la toile de Jouy.

De nos jours, l’impression au rouleau est très utilisée dans l’industrie. Et on ne compte plus les différentes techniques utilisées en parallèle pour créer des motifs : à la main, assistée de logiciels, avec des machines, avec des produits chimiques, avec la lumière… Il en existe sûrement que je ne connais pas encore. Je vais vous donner quelques exemples ça sera plus parlant.

 

  • Nous avons la technique du cadre = la sérigraphie qui est aussi devenue mécanisée. On utilise un cadre sur lequel est étendu uniformément une gaze. Avant, un pochoir était appliqué pour éviter que l’encre ne pénètre certaines parties, maintenant l’effet pochoir est rendu possible par émulsion photographique. Un cadre = une couleur. (en savoir plus sur l’impression au cadre plat)

La marque Timorous Beasties utilise cette technique, des cadres à la chaîne pour imprimer sur beaucoup de mètres de beaux motifs.

 

timerousbeasties textileaddict©Timorous Beasties

 

  • Il y a l’impression par transfert ou sublimation thermique : le motif est imprimé sur papier puis transféré sur tissu par pression et chaleur. Une cire pigmentée remplace l’encre.

 

(Le livre Technologie du vêtement des Editions Guérin est ma source d’informations pour la suite)

 

  • L’impression à la laque : des pigments colorés sont laqués ou métallisés sur le tissu pour créer le motif.

 

  • L’impression par flocage : le tissu est recouvert partiellement de petits poils collés sur le tissu pour donner le motif.

 

 

  • Le dévorage : on dépose à certains endroits une pâte contenant un agent chimique qui « dévore » le tissu – le dessin est ajouré.

 

  • L’impression par effet transparent : la pâte ici rend transparent par endroit un tissu mat ou opaque.

 

  • La lumière, technique du « heat photogram » mise au point par Rebecca Earley. On place un objet devant le tissu qui a été photosensibilisé. La lumière chauffe la surface et fait apparaître l’objet sur le textile, il devient motif.  

 

  • L’impression par l’enlevage (ou au rongeant) : avec une pâte de rongeage on décolore le tissu.

 

  • L’impression par réserve : une pâte dite agent de réserve est appliquée sur le tissu, la teinture ne l’affecte pas. Ces endroits restent intactes.

 

B earley textileaddict©Rebecca Earley

 

  • L’impression numérique, autre grande révolution avec les ordinateurs, on travaille les motifs sur des logiciels comme photoshop, puis on envoie à l’impression. Le dessin est imprimé ligne par ligne sur le tissu comme une imprimante papier.

 

 

 

Après la mécanisation, la numérisation du motif imprimé

 

Désormais, presque tout est conçu par logiciels. Il y en a alors pour la broderie, pour créer des motifs parfaitement symétriques et j’en passe…  Il n’y a plus de limites. On augmente encore en efficience et les changements de dernières minutes sont moins problématiques. On peut ainsi réaliser des imprimés incroyables en créant des illusions d’optiques ou en mixant des photographies qui offre plus de réalisme. Beaucoup de créateurs utilisent cette méthode pour leur collection, par exemple Mary Katrantzou et Christopher Kane. Je suis moi-même adepte de ces logiciels pour mes créations. Et vous ?

 

Creer un motif partie 2 textileaddict©Mary Katrantzou // ©Christopher Kane

 

 

 

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Amande Noyée

Amande Noyée

Designer textile et printaddict basée à Paris, elle travaille à la fois pour la mode enfant et la mode adulte, le design d'intérieur et la papeterie depuis 2016. Curieuse et touche à tout, elle est passionnée par la mode, l'art, les voyages et la danse.