Créer une collection de chaussures requiert une méthodologie précise où l’improvisation n’a pas vraiment sa place.
Du saut du lit jusqu’au rituel du coucher, les chaussures sont des acolytes intimes avec lesquels on partage le quotidien. Fantasmées par toutes les petites filles dès 3 ans et 3 cm de talon, objets de toutes les convoitises lors de collabs inédites de sneakers, les collections de chaussures ponctuent nos vies, nos passions, nos saisons. Mais avant de susciter un quelconque engouement, de l’imagination du styliste à leur mise en vente, elles parcourent un long chemin.
Les 12 étapes essentielles pour créer une collection de chaussures
Etape 1 : En quête d’inspiration
L’inspiration est l’essence de tout créateur. Elle est partout pour celui qui sait l’interpréter. Cahier de tendances, blogs de mode, webzines, magazines papier ou influenceurs sont autant de muses que d’identificateurs de tendances. Explorer différentes pistes est finalement le meilleur moyen de trouver la sienne !
Etape 2 : Analyse du marché
Le marché de la chaussure est actuellement dominé par les importations (Chine, Inde, Vietnam, Italie ou Espagne). L’étude de la concurrence met en évidence un secteur dynamique mais très dense. Avant de se lancer, il est donc indispensable de cerner la nature des tendances actuelles, identifier celles à venir mais aussi, celles attendues par le public cible. Ces connaissances théoriques aident à définir précisément le style, le concept, et le positionnement de la future collection de chaussures.
L’orientation à donner dépend par ailleurs des valeurs de la marque et de l’histoire à construire autour des nouveaux modèles. Un storytelling réussi est celui qui provoque des émotions, mais qui parvient avant tout à déclencher l’acte d’achat auprès de la clientèle visée.
Etape 3 : Création d’une planche de tendances
La création du moodboard booste l’imagination. Dessins, photos, images, couleurs, matériaux ou textures sont sélectionnés selon les coups de cœur du moment. Les échantillons pèle-mêle seront ultérieurement regroupés plus harmonieusement par thématiques. Les idées recueillies et centralisées sur un même support orientent progressivement la direction visuelle de la collection de chaussures.
Etape 4 : Esquisser les designs
En exploitant ces informations, la collection de chaussures se dessine progressivement sous la main experte du designer. Il réalise différents croquis (à la main ou sur des logiciels de design assisté par ordinateur / DAO). Dans la majorité des cas, la chaussure est dessinée à l’échelle et de profil, assortie d’une fiche technique dédiée. Ce document détaillé reprend la vue d’ensemble du modèle et chacune de ses spécificités. Toutes les pièces composant la chaussure y sont soigneusement consignées : tige (tout ce qui se trouve au-dessus de la semelle), doublure, première de propreté, première de montage, forme et hauteur de talon, finitions, type de fermeture, semelle, ornements décoratifs … L’esthétique de la collection prédéfinie, le sourcing des matières peut débuter.
Etape 5 : Le patronage et la mise sur forme
Grâce aux mesures mentionnées sur la fiche technique, le croquis est ensuite mis en volume sur forme. Anciennement en bois, « la coquille », est désormais réalisée dans une résine plastique fine et rigide. Son style dépend de la forme du bout de la chaussure. La hauteur et la longueur conditionnent quant à elles la future cambrure. Sur ce support semblable au pied humain, le croquis du styliste va se transformer en 3D et la conception du patron s’organiser.
Par-delà l’esthétique, les volumes sont ajustés de façon à privilégier le confort du pied. À cette étape, toutes les informations utiles sont définies, puis, reprises par le modéliste pour la mise à plat et la création du patron papier. Le patronage et la mise sur forme serviront de base à la fabrication du prototype.
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Etape 6 : La coupe
D’après le patron papier, le coupeur exécute de façon manuelle ou mécanique la découpe de chacune des pièces composant la chaussure. Selon la matière et la taille de la pièce à traiter, il adapte ses outils de découpe (laser, jet d’eau, couteaux en métal, emporte-pièces ou cutter).
Etape 7 : Le piquage
Le piquage est l’étape la plus délicate car toutes les coutures doivent être parfaitement alignées. Le piqueur-assembleur coud les différentes pièces formant la tige de chaussure (partie supérieure), puis termine par l’opération de claquage (liaison de l’avant et l’arrière de la chaussure). Toutes les parties assemblées, il fixe les garnitures, les œillets et tous les ornements décoratifs.
Etape 8 : Le semelage
Les composants montés (tige, doublure, talon…), place au semelage. Les techniques varient selon le type de chaussures, le positionnement et la qualité de finition souhaitée. La méthode la plus répandue dans l’industrie demeure le semelage collé, car c’est aussi la moins onéreuse et la plus rapide (baskets et tout type de chaussure bas de gamme).
Le semelage cousu ou clouté est plus volontiers réservé aux chaussures haut de gamme. Il s’agit d’un procédé durable car réputé plus solide, plus facilement réparable chez un cordonnier. Il est également répandu dans la fabrication des bottes, car il consolide la bonne tenue de toute chaussure haute.
Etape 9 : Les finitions
Les finitions reflètent la qualité du modèle, ce sont elles qui font la différence d’une chaussure à une autre. Teinture, polissage, cirage, élimination des petits fils résiduels demandent la plus grande attention : c’est bien connu, le diable se cache toujours dans les détails !
Etape 10 : Le prototype
Malgré l’existence d’un outil universel pour mesurer les pieds, le système Brannock, l’industrie de la chaussure continue à fabriquer tous ses prototypes dans une taille 5.5 (pointure 37). Le premier exemplaire obtenu permet de détecter d’éventuels défauts, de tester la forme, de vérifier la conformité de la taille ou d’ajuster les fermetures.
À ce stade, le designer pourra encore rectifier les éventuelles malfaçons du spécimen.
Etape 11 : Les modifications
Si le prototype ne correspond pas aux attentes, il pourra être remanié ou encore modifié plusieurs fois. Sans dénaturer le design originel, les modifications apportées par le styliste sont prises en compte, un autre prototype est alors exécuté puis vérifié une nouvelle fois, avant la mise en production définitive de toutes les pointures.
Etape 12 : L’essayage, ultime étape avant la production d’une collection de chaussures
Christian Louboutin l’affirme : « Une femme porte ses vêtements. Mais la chaussure porte la femme ». Fort de ce principe, un dernier essayage est réalisé sur un mannequin vivant. L’opération permet de voir le modèle en mouvement, de s’assurer du confort et de l’esthétique de la chaussure avant le lancement de la production de masse.
Les collections de chaussures (homme, femme et enfant) sont présentées chaque année en avant-première lors de salons professionnels. En Europe, les plus réputés sont « L’Expo Riva Schuh » à Riva del Garda (en janvier et juin) et le « MICAM » à Milan (en février et septembre). Avec plus de 1 500 exposants, ils sont des rendez-vous incontournables pour tout designer de chaussures souhaitant se familiariser avec les dernières tendances.
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