Le patronage permet de passer de la 2D à la 3D, des dessins du styliste au prototype final en volume. C’est le modéliste, véritable interface entre le style et les façonniers, qui est en charge de cette étape cruciale de la création des collections textiles. Tour d’horizon des différentes techniques permettant de créer des patrons.
La coupe à plat : le ba.ba du patronage
C’est la méthode de patronage la plus traditionnelle. Elle revient à dessiner les différentes parties du vêtement sur papier à partir des informations spécifiées dans le tableau de mesures. Le modéliste se base pour cela sur des « blocs », c’est-à-dire des gabarits standards de jupe, chemise ou pantalon par exemple. Ces gabarits seront retravaillés en fonction des spécificités du modèle telles que la forme du bas de jambe ou du col, et adaptés aux mesures attendues. On va ensuite reporter le bloc sur du papier à patron puis utiliser ces patronages cartonnés pour découper et monter la toile. A destination des ateliers et usines de confection, ils sont ensuite généralement annotés afin de faciliter leur lecture : on va par exemple marquer les lignes avant et milieu dos ou encore symboliser les fronces par des traits ondulés.
Le patronage numérique : une compétence en devenir
La démocratisation des logiciels de CAO et de patronage a permis de rendre cette étape plus rapide et plus adaptée au renouvellement de plus en plus fréquent des collections que l’on observe chez la plupart des enseignes de prêt-à-porter. Passer au patronage numérique implique de créer les blocs qui servent à créer les patrons directement dans le logiciel à l’aide d’une tablette tactile ou de scanner des patrons existants pour les intégrer à l’outil numérique. Le travail d’ajustement des mesures peut alors se faire informatiquement. Une fois les patrons terminés, ils pourront être imprimés ou envoyés aux ateliers de production et ainsi servir à programmer la découpe du tissu directement sur les machines les plus récentes. Cependant, de par les investissements financiers qu’elle représente, tant pour la partie modélisme que pour les usines, cette technique est surtout plébiscitée par les gros acteurs de l’industrie textile. S’il est judicieux pour les modélistes de se former au patronage numérique, cela reste une compétence complémentaire qui ne se substitue pas aux méthodes traditionnelles.
exemple de patron à plat ©le modélisme de mode tome 2 de Teresa Gilewska // exemple de moulage
La technique du moulage : une alternative intéressante
Il existe une autre manière de procéder, moins technique que les précédentes, qui consiste à mouler le tissu directement sur un mannequin à l’aide d’épingles. Le moulage est souvent perçu comme plus intuitif, car il permet de visualiser instantanément le tombé du tissu et de déceler très rapidement les éventuelles difficultés de mise au point. Une fois ce moulage terminé, le modéliste va pouvoir s’en servir pour reporter les découpes et mesures sur papier afin de réaliser le patron. Encore une fois, cette technique est complémentaire des autres et souvent réservée aux modèles avec des découpes ou des volumes particulièrement complexes.
Une fois le patron terminé, le modéliste ou l’atelier de fabrication s’en servent pour créer un prototype en volume : la toile. Mais avant cela, il convient de définir le plan de coupe du futur modèle.
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Le plan de coupe, le casse-tête indispensable
Que les fans du jeu aux briquettes de couleurs Tetris se réjouissent, cette partie devrait leur plaire. Le plan de coupe a en effet pour but de faire rentrer l’ensemble des morceaux d’un même patron sur la largeur du tissu qui servira à la fabrication finale, et ce de façon optimale. Il s’agit en effet de limiter au maximum les pertes de matière au moment de la découpe. Ainsi, si cette réflexion est bien évidemment souhaitable d’un point de vue écologique, elle est aussi indispensable pour maitriser les coûts de production, certaines matières ayant un prix au mètre très élevé.
La toile, et le vêtement prend forme !
On confectionne ensuite une toile à partir du patron papier ou numérique. Celle-ci correspond au tout premier prototype. Réalisée dans un tissu simple, souvent appelé calicot, de grammage identique à celui du modèle final, la toile permet d’ajuster le volume et le tombé du vêtement sans utiliser le tissu réellement prévu et donc de gagner un peu de temps et d’argent. Une première toile peut être montée par le modéliste afin d’apporter les derniers détails au patron, mais c’est souvent le façonnier qui la réalise puis la fait parvenir à l’équipe des stylistes et modélistes. Ces derniers vérifient alors les mesures et effectuent des essayages afin de pouvoir juger le bien-aller du modèle. Au besoin, le patron sera de nouveau modifié et il sera demandé au fabricant de fournir une nouvelle toile qui tiendra compte des commentaires de l’équipe.
Après quelques allers et retours et une fois la toile validée, la production peut enfin démarrer !
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La création d’une collection de vêtements (avec ou sans imprimés)