Le damassé

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Inépuisable source d’inspiration pour les designers, le damassé est un classique continuellement revisité par les éditeurs de textiles d’ameublement. Issu d’un précieux savoir-faire venu d’Orient, il est de ces tissus dont on admire la sophistication depuis le Moyen-âge. Quels sont les secrets de ses tissus chatoyants ?

 

 

Qu’est-ce que le damassé ?

 

Comme son nom l’indique, le damassé s’inspire des méthodes de tissage des soieries de Damas. Si ce textile est parfois utilisé pour confectionner des vêtements (vestes, manteaux), le terme concerne plus spécifiquement les tissus utilisés en décoration et en ameublement (linge de table, rideaux, coussins, toile à matelas…)

Tout comme le damas, il s’agit d’un textile façonné réversible. Ses motifs sont identiques sur l’envers comme sur l’endroit, mais leur texture réfléchit différemment la lumière. D’un côté, ils se détachent en surfaces mates sur un fond lisse et brillant. De l’autre, c’est l’inverse. Cet effet de contraste positif/négatif s’obtient grâce à différents procédés de tissage dérivés de l’armure satin.

La majorité des damassés sont monochromes ou bicolores, mais ils se déclinent aussi en version multicolore : tout dépend des couleurs de fils employées. De loin, un tissu damassé composé de fils de chaîne et de trame d’une seule et même couleur sait rester discret. Il peut facilement passer pour un faux-uni, ne révélant ses motifs subtils que de près et en pleine lumière.

Ses qualités esthétiques et sa durabilité en ont fait un textile apprécié. Il est toujours très utilisé en tant que tissu d’ameublement, ainsi que pour la confection de linge de table. De nos jours, il se compose généralement de pur coton mercerisé, parfois de lin (seul ou en mélange), mais aussi de fibres artificielles ou synthétiques. À la fois dense, mais aussi léger et solide, un damassé s’entretient facilement. En outre, ce tissu non extensible est réputé pour son excellente stabilité dimensionnelle. Les nappes et serviettes damassées blanches, éléments-clés des trousseaux de mariage d’antan, témoignent d’une indéniable qualité de fabrication. Il n’est pas rare de découvrir des pièces anciennes admirablement conservées, au fond d’une armoire de famille ou au détour d’un vide-grenier…

Les grandes maisons françaises, quant à elles, continuent d’intégrer la soie à leurs créations haut de gamme, hissant le damassé à un niveau d’excellence. Bien que la tradition mette toujours en avant les motifs historiques puisés dans le patrimoine textile (feuillages, fleurs, fruits, arabesques, volutes baroques…) leurs collections s’enrichissent régulièrement de damassés aux motifs contemporains.

 

 

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Du damas de soie oriental au damassé européen

 

De Damas à Gênes et Venise

Le damas est apparu en Syrie au XIIe siècle. Au fil du temps, les échanges commerciaux entre l’Empire perse et l’Europe font voyager les plus luxueuses soieries orientales (damas, velours de soie…) jusqu’en Italie, ainsi que leurs procédés de fabrication.

Au XIVe siècle, les Républiques de Venise et de Gênes deviennent les premiers centres de production européens de damas (damasco en italien), suivies par d’autres provinces italiennes. Au départ, ces étoffes d’exception, aussi somptueuses qu’onéreuses, sont réservées aux personnes de haut rang (noblesse, clergé). Une partie de ces précieux tissus est exportée vers Bruges, le port le plus important des Flandres.

 

Le damassé flamand

C’est sous l’influence du damasco italien que les premiers damassés voient le jour dès la fin du XIVe siècle en Europe du Nord, plus précisément dans la région de Courtrai. Ils ne sont pas en soie mais en lin, une fibre disponible en abondance à l’échelle locale. Au départ confectionnés sur des métiers à la tire, les damassés flamands imitent les motifs floraux italiens avant de s’en éloigner pour s’inspirer d’événements historiques. L’Europe du Nord, des Flandres aux Pays-Bas, reste un important bassin de production de linge damassé jusqu’à l’émergence du coton, au XVIIIe siècle.

 

La diffusion du damassé en France

La production de damassé en lin se développe également en France à partir du XVIe siècle (Reims, Caen, région du Forez…) avec pour thèmes de prédilection les fleurs, les personnages, les animaux et les motifs géométriques. Dès le XVIIe siècle, ce textile façonné, particulièrement adapté à la confection de linge de maison, devient plus accessible. À partir du XVIIIe siècle, des articles damassés en métis (coton et lin) ou 100% coton ornés de motifs simples apparaissent sur le marché. Moins résistants que les versions pur lin, mais aussi moins coûteux, ils contribuent à leur popularisation.

En parallèle, de nombreux ateliers de tissage italiens et lyonnais se spécialisent dans la fabrication de damas et élaborent de somptueux textiles enchâssant des fils d’or, d’argent ou de cuivre (brocart, lampas, brocatelle…)

Avec l’apparition de la mécanique Jacquard en 1801, la production de damassé se modernise. Cette innovation technologique permet aux manufactures de toiles de produire plus vite, et à plus grande échelle, des textiles façonnés de grandes dimensions, impulsant la mise en place d’une réelle industrie.

 

 

La technique en quelques mots

 

Les motifs damassés sont obtenus par la juxtaposition d’un effet chaîne et d’un effet trame. L’effet chaîne réfléchit la lumière, l’effet trame la diffuse. Les armures de base les plus utilisées sont l’armure satin et dans certains cas l’armure sergé.

À l’origine, le damassé était produit sur des métiers à la tire. Les métiers mécaniques permettent encore à l’heure actuelle de créer des motifs rectilignes simples. Les motifs courbes nécessitent quant à eux l’utilisation d’un métier Jacquard.

Le tissu produit est parfois soumis à une opération de calandrage, un traitement mécanique de finition qui accentue la brillance de ses motifs.

 

 

 

 

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Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.