Les végétaux et les animaux produisent des fibres étonnantes utilisées dans l’industrie textile. Parmi ces matières naturelles, la soie marine ou byssus de moule tire son épingle du jeu grâce à de merveilleuses propriétés. Prisée des artisans comme des scientifiques pour sa rareté due à un processus biologique unique, elle possède déjà une longue histoire et a encore un grand avenir qui l’attend si l’écologie la préserve. Nous décortiquons pour vous tous les secrets de la soie marine.
Qu’est-ce que la soie marine ?
La soie marine est le nom attribué au byssus de moule pour sa ressemblance avec le fil fabriqué à partir des cocons de ver à soie (bombyx du mûrier). Cette matière appartient à la catégorie des matériaux biosourcés (matériaux issus de la matière organique renouvelable (biomasse), d’origine végétale ou animale).
Le byssus de moule dans la nature
Des mollusques bivalves, principalement les grandes nacres (Pinna nobilis) produisent cette sécrétion : filament soyeux. Dans la nature, le byssus est un lien très solide qui permet au coquillage de rester accroché aux rochers malgré la force des courants.
Composés de protéines contenant de la kératine, les filaments de byssus sont à la fois résistants et souples. La recherche en biomimétisme essaie d’ailleurs de reproduire en laboratoire le processus biochimique très complexe de la nature.
Histoire millénaire d’une fibre naturelle
Le surnom de “soie de mer” date de l’Antiquité où le byssus était déjà exploité pour fabriquer des vêtements dans les civilisations méditerranéennes. Comme il permettait d’obtenir des étoffes d’une grande légèreté, douces et brillantes, il connaissait un franc succès auprès de l’élite. Les Romains réservaient les vêtements en soie de mer aux personnalités riches et puissantes.
Au Moyen Âge, les artisans des côtes italiennes et tunisiennes ont continué à confectionner du textile en soie de mer. Tout un savoir-faire s’est développé pour aboutir à du tissu d’une extrême finesse. Les filaments sont récupérés par des plongeurs sur les moules géantes à la main. Ensuite, ils sont lavés, séchés et filés aussi à la main. La pièce finale laisse souvent paraître des teintes dorées due à la lumière qui se reflète sur les fils.
Aujourd’hui, cette tradition persiste en de rarement endroits dont la Sardaigne est le plus célèbre. Malheureusement, les grandes nacres se font rares et leur récolte est compliquée.
Le byssus de moule : une matière d’exception
Il y a bien des raisons pour que le byssus de nacre soit tant convoité. Il possède des caractéristiques courus par différentes entreprises et font rêver les scientifiques.
Des propriétés uniques
Par rapport à d’autres fibres naturelle, la soie marine regroupe un nombre de caractéristiques remarquables qui la distingue.
Elle permet d’obtenir des tissus extrêmement résistant aux frottements comme à l’étirement. Pourtant, le byssus est étonnamment léger et donne une matière d’une finesse incomparable. Comme pour la soie issue de la sériciculture, la texture est particulièrement douce. Enfin, ses éclats naturellement dorés accroche la lumière et offre de la noblesse à l’étoffe.
Les utilisations modernes
Des artisans sont spécialisés dans le travail du byssus et l’utilisent pour fabriquer des objets artisanaux décoratifs ou pour élaborer des œuvres d’art. Ils maintiennent un certain patrimoine.
Dans l’industrie de la mode, le byssus ne passe les portes que des maisons de haute couture. Les restrictions légales sur son utilisation ainsi que le coût élevé de la matière en font une fibre de luxe. La soie marine est réservée à des créations exclusives.
Quant à la science, elle voit dans le byssus de moule un objet de recherche fascinant. C’est un biomatériau que les ingénieurs imaginent par exemple pouvoir employer comme colle médicale. En effet, il présente d’excellentes propriétés adhésives et mécaniques. Les scientifiques en biomimétisme étudient le sujet avec sérieux pour parvenir à reproduire le processus des mollusques. Ils ont bon espoir pour développer du textile durable.
L’entreprise Bysco est un bel exemple de l’utilisation du byssus de moule. Cette start-up nantaise a mis en place une filière de valorisation du byssus de moule en utilisant les déchets des mytiliculteurs et s’appuie sur un procédé unique de transformation de la matière pour proposer des textiles techniques et non-tissés biosourcés en byssus de moule pour l’industrie du transport et de la mobilité, de l’équipement et de l’aménagement des bâtiments et de l’habillement technique, de la bagagerie et du sport.
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Une fibre naturelle menacée de disparaître
Si, malgré ses qualités exceptionnelles, la soie marine est si peu exploitée, c’est que cette matière tend à disparaître. La grande nacre (Pinna nobilis) est une espèce en danger d’extinction. Elle subit la pollution des eaux, les maladies qui en découlent et les dégâts de la pêche intensive.
Plusieurs pays ont interdit la récolte commerciale de ces mollusques pour les préserver. Leur disparition serait non seulement un dommage pour la biodiversité, mais aussi pour le patrimoine culturel. En parallèle, la mytiliculture de grandes nacres et la reproduction en captivité se développent autant pour des raisons écologiques que la conservation d’une tradition.
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