Le crochet

crochet _textileaddict

Le crochet est une technique artisanale qui permet de confectionner toutes sortes d’ouvrages en mailles (vêtements, accessoires, déco…) Créatif, bohème et authentique, ce proche parent du tricot aux faux-airs de dentelle demande un certain savoir-faire. Après avoir traversé les époques en se renouvelant régulièrement, il a aujourd’hui retrouvé la place qu’il mérite. Textile Addict a dénoué tous les petits secrets du crochet !

 

 

La technique du crochet

 

  • Matériel

 

Un ouvrage au crochet est toujours réalisé à la main. Le procédé ne nécessite qu’un seul outil, un crochet (aiguille dotée d’une encoche et d’une extrémité recourbée) et bien sûr une pelote de fil.

Le crochet peut être en bois, en plastique, en acier ou en aluminium. Il existe différents modèles de diamètres et de longueurs variables, à choisir en fonction de la technique envisagée et de l’épaisseur du fil à travailler. Il est même possible de travailler des laines très épaisses uniquement à la main, en utilisant son index en guise de crochet.

Tous les types de fils peuvent être crochetés, à condition d’utiliser un outil aux dimensions adaptées. Le fil peut être en coton, laine, soie ou lin, mais on peut aussi crocheter des fils fantaisie ou métalliques… Le crochet offre également de belles possibilités d’upcycling avec le trapilho, un matériau issu des chutes de l’industrie textile (lisières, etc.) Parfois nommé lirette, fil zpagetti ou t-shirt yarn, ce fil ruban assez épais est constitué de bandelettes de tissu recyclé. Il se travaille facilement à l’aide d’un gros crochet et permet de réaliser des objets décoratifs, bijoux, accessoires de mode, etc.

 

 

  • Principe

 

Cette technique ressemble beaucoup au tricot : le procédé consiste à entrelacer des boucles pour créer une étoffe. Les mailles sont formées une à une, mais contrairement au tricot, il n’y en a qu’une en attente sur le crochet.

Les points de base du crochet sont la maille en l’air ou maille chaînette (pour monter l’ouvrage), la maille coulée (bordures, diminutions, etc.), la maille serrée et les brides (demi-bride, bride et double bride). Il existe également une grande variété de points plus complexes qui permettent de créer des reliefs, des motifs aérés façon guipure ou dentelle « grossière », ou de réaliser des projets en volume…

 

 

 

Besoin d'un freelance textile ?

Déposez gratuitement votre projet sur Textile Addict,
recevez des devis qualifiés et sélectionnez le prestataire idéal.

 

 

 

Son histoire

 

  • Des origines incertaines

 

Nous savons que nos aïeux crochetaient le soir au coin du feu, mais sait-on vraiment d’où vient le crochet ? Remonter le fil de l’histoire n’est pas une mince affaire… On considère aujourd’hui que le tricot et le crochet ont le même ancêtre : le Nalebinding (« lier avec une aiguille » en Danois). Cette technique apparaît dès la fin de l’Antiquité, comme le prouvent de nombreux objets retrouvés aux 4 coins du monde : en Amérique du Sud (bonnets et châles attribués à des civilisations précolombiennes du Pérou), en Afrique du Nord (chaussettes coptes d’Égypte du IVe siècle), en Europe du Nord, en Asie… Il n’est pas exclu que le berceau du Nalebinding (et donc du crochet) se trouve quelque part sur la route de la soie !

 

 

  • L’apparition du crochet en Europe

 

En Europe, cette technique semble s’être développée au XVIIIe siècle dans les campagnes écossaises. En 1812, une certaine Elizabeth Grant évoque la technique sans vraiment la nommer dans son autobiographie « Mémoires d’une femme du Highland ».

À l’époque, l’outil ressemble déjà beaucoup à celui qu’on connaît aujourd’hui : une sorte d’hameçon en os, en ivoire, en métal ou en buis. Ce type d’aiguille recourbée était également connu et utilisé en France : en 1763, le crochet figurait déjà sur une planche d’illustration de l’Encyclopédie Diderot consacrée à l’aiguille à tambour.

Dans les années 1820, en Hollande, le magazine Penelope est le premier à donner des instructions de crochetage. Bien qu’on le nomme parfois « crochet de berger » ou « hameçon de berger », le terme « aiguille à crochet » fait son apparition. Plusieurs pays revendiquent son invention, notamment l’Angleterre, l’Allemagne, l’Écosse et la France… Difficile d’y voir clair !

 

 

  • 1845-1910 : le succès de la dentelle au crochet irlandaise

 

Au milieu du XIXe siècle, l’Irlande connaît une crise économique majeure. Dans les classes les plus aisées, les femmes manient le fil de coton et le crochet depuis longtemps, imitant les précieuses dentelles à l’aiguille ou au fuseau venues d’Espagne et d’Italie.

Face à cette misère, religieuses et dames de bonne société décident de transmettre leur savoir-faire aux plus démunis. Elles mettent en place des ateliers dans tout le Nord du pays et y enseignent la dentelle au crochet aux hommes, aux femmes et aux enfants… Tous les volontaires sont les bienvenus, sans distinction ! Cette dentelle élégante et accessible est bien dans l’air du temps, les commandes affluent… Rapidement, une véritable industrie se développe, capable d’assurer un revenu régulier aux plus pauvres. Grâce à cette initiative, les travaux de dentelle au crochet ont sauvé un nombre considérable de foyers irlandais modestes durant la Grande Famine de 1845 à 1852.

Cette technique qui n’était au départ qu’une imitation a affirmé son style, s’inspirant de motifs traditionnels irlandais (trèfles, roses…) Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreux ouvrages consacrés au crochet sont publiés dans toute l’Europe, permettant d’apprendre la technique et de trouver facilement des modèles. Jusqu’à la première Guerre Mondiale, la dentelle au crochet d’Irlande a continué de s’exporter un peu partout en Europe, offrant à de nombreux Irlandais les moyens financiers d’émigrer aux États-Unis.

 

 

  • Au XXe siècle : entre grandeur et décadence

 

La dentelle au crochet connaît son apogée au début du XXe siècle avec des ouvrages aussi fins que complexes, de plus en plus élaborés et sophistiqués. Malgré ce degré de technicité, sa côte de popularité décline à partir des années 1920. Concurrencé par l’apparition de la dentelle mécanique, le crochet cesse d’être une industrie et reprend son statut d' »ouvrage de dames », un simple hobby que l’on pratique chez soi.

Après la seconde Guerre mondiale, les femmes au foyer américaines s’entichent de ce passe-temps. Elles rafraîchissent la technique en utilisant des fils de laine plus épais et inventent au passage de nouveaux modèles très colorés. Le crochet connaît une nouvelle heure de gloire dans les années 1960 et 1970 avec les patchworks en granny square, avant d’être considéré comme le summum de la ringardise jusqu’à la fin du XXe  siècle.

 

 

  • Le XXIe siècle renoue avec le crochet

 

Aujourd’hui, le crochet s’inscrit dans la tendance slow fashion actuelle, comme tous les travaux d’aiguille. Les créateurs de mode ont redécouvert à quel point cette dentelle rustique pouvait être raffinée. Chez Gucci, Alexander Mc Queen, Céline ou Dolce & Gabanna, les dernières collections printemps-été ont prouvé que le crochet pouvait inspirer bien d’autres créations qu’un couvre-théière ! Dépoussiéré, modernisé, le crochet a officialisé son grand retour, décliné sous la forme de sacs XXL, de robes et de tops arachnéens, de chaussures et maillots de bain ajourés… En déco, les ouvrages au crochet retrouvent une place dans nos intérieurs. Les napperons tristounets relégués aux vide-greniers sont remplacés par des amigurumis, corbeilles et plaids crochetés… sans nostalgie !

 

 

A lire :

TENDANCE CROCHET : Faisons un crochet par les podiums !

Histoire du tricotage en France

La quintessence de la technique à l’aiguille : la dentelle d’Alençon

 

Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.