©colehaan
En plus d’ensoleiller nos prairies et de semer ses aigrettes à tout vent, le pissenlit sécrète du latex. Du « lait de pissenlit » à nos semelles de sneakers, il n’y avait qu’un pas, franchi avec brio par une marque américaine de chaussures et accessoires.
Après la fibre de lait, le cuir de champignon ou d’ananas, le caoutchouc de pissenlit s’impose comme une nouvelle fibre à suivre pour une mode plus durable…
Du caoutchouc dans nos champs
Le nom « pissenlit » ou « dent de lion » correspond à différentes variétés de plantes vivaces du genre Taraxacum, facilement reconnaissables à leurs fleurs jaune d’or.
Ces espèces végétales communes sont pourvues de feuilles et de racines comestibles, mais aussi connues pour leurs vertus médicinales.
Loin d’être exotique, cette « mauvaise herbe » partage pourtant une caractéristique avec l’Hevea brasiliensis ou « arbre à caoutchouc », un arbre tropical originaire d’Amérique du Sud et très cultivé en Asie.
Tous deux produisent en effet du latex, un suc végétal d’un blanc laiteux. Ce liquide, facile à récolter par saignée ou incision, se coagule en séchant pour former une gomme élastique : le caoutchouc naturel.
À la différence de l’hévéa, la culture du pissenlit ne nécessite pas une atmosphère chaude et humide. On le trouve donc à l’état sauvage un peu partout sur la planète, y compris sous des climats austères car il résiste bien aux températures négatives.
Le caoutchouc de pissenlit, ses avantages écologiques, propriétés et applications
Par sa nature même, le caoutchouc de pissenlit se pose en tant qu’alternative durable au caoutchouc d’origine synthétique, dérivé du pétrole.
Face à une demande mondiale croissante, il dispose de nombreux arguments écologiques pour concurrencer le latex d’hévéa. Le développement de la culture d’arbres à caoutchouc contribue en effet à la déforestation de certaines zones tropicales naturelles.
Le pissenlit, cette matière première disponible sur tous les continents, apparaît donc comme une solution pour préserver la biodiversité, faciliter l’approvisionnement en tous les points du globe… et limiter l’impact carbone lié au transport.
Le caoutchouc issu du pissenlit appartient à la famille des élastomères : c’est un polymère doté de propriétés élastiques.
Ses propriétés chimiques et physiques sont similaires à celles du latex d’hévéa :
- Élasticité
- Grande résistance mécanique
- Amortissement
- Étanchéité
Comme n’importe quel type de latex ou caoutchouc naturel, le caoutchouc de pissenlit est difficilement recyclable et il résiste mal à la lumière.
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Le latex est employé dans le secteur de la médecine (gants jetables), dans différentes branches de l’industrie (courroies, pneus, flexibles, literie, joints d’étanchéité…), ainsi que pour fabriquer des équipements et accessoires de jeu ou de sport (revêtement de sols, gazon synthétique, raquettes de ping-pong, etc.)
Il permet à l’industrie textile de produire certains fils extensibles mais aussi de la dentelle, du tulle ou du tricot.
- Origines et innovations
Le premier brevet concernant le caoutchouc de pissenlit a été déposé en 1905. Durant la première moitié du XXe siècle, l’Union Soviétique a cultivé le pissenlit à grande échelle, dans le but de produire un caoutchouc « local », sans obtenir de grand résultat.
Le potentiel du latex de pissenlit a ensuite été laissé de côté jusqu’au début des années 2000. En 2014, la société allemande Continental AG, leader dans le domaine des pneumatiques, a conçu le premier pneu composé en partie d’un caoutchouc naturel tiré des racines de pissenlit.
Depuis peu, les modèles de baskets ZEROØGRAND II signés Cole Haan sont équipés de la semelle FlowerFoam™, qui contient 25 % de caoutchouc de pissenlit.
Nul doute que ces innovations à l’esprit flower power vont rapidement donner des idées à d’autres créateurs…
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