La tapisserie d’Aubusson : des prouesses techniques

technique tapisserie d'Aubusson

©Cité de la tapisserie Aubusson – Le tissage de basse lisse

 

La création d’une tapisserie d’Aubusson n’est possible que grâce au travail minutieux d’artisans passionnés. Témoins historiques, faiseurs d’innovations, les artisans d’art d’Aubusson et Felletin s’illustrent parmi les meilleurs lissiers au monde depuis plus de 5 siècles. Ces hommes et femmes perpétuent au travers leurs tapisseries un savoir-faire originel et une créativité novatrice inscrits au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco depuis 2009.

Au sein des ateliers creusois, les réalisations sont rythmées par de nombreuses étapes immuables et toujours d’une grande technicité, où chaque intervenant contribue de concert au succès d’une œuvre collective d’exception.

 

 

Formaliser l’inspiration de la tapisserie : de la maquette au carton

 

Si les idées se bousculent dans tous les esprits créatifs, la plus grande difficulté demeure toujours la matérialisation de celles-ci. En s’appuyant sur des modèles existants ou à venir, classiques ou contemporains, toute reproduction peut être tissée à Aubusson. Peintres, dessinateurs, photographes échangent longuement avec les artisans afin d’exprimer leurs souhaits, mais aussi évaluer la faisabilité technique de la future œuvre tapissière. 

 

Les maquettes

Plusieurs maquettes de différentes tailles sont établies avant que le lissier n’en propose la meilleure interprétation : recherche des matières, choix des couleurs, tests de tissage, calcul des quantités (kilotage)… Le dessin final est ensuite réalisé à l’échelle 1 de la tapisserie envisagée.

 

Le carton

Cette ultime maquette sert de base à la reproduction d’un support inversé, « le carton » dont la conception est confiée à des artisans spécialisés. Ils traduisent fidèlement en langage textile toutes les expressions artistiques. Les tapisseries d’Aubusson sont toujours confectionnées sur un métier de basse lisse (horizontal) où le tissage s’effectue à l’envers, une difficulté technique supplémentaire pour le lissier qui ne peut évaluer son travail en temps réel. Le carton, glissé sous le métier, lui sert donc de guide qui, combiné à un miroir, permet une exécution  littérale des moindres détails tout au long de la fabrication.

 

trace carton tapisserie aubusson_TextileAddict©Cité de la tapisserie Aubusson – Tracé du carton de « Rivendell » à l’échelle de la future tapisserie en préparation du tissage.

 

 

Les étapes préparatoires et finitions d’une tapisserie d’Aubusson

 

La tapisserie se forme par l’entrecroisement de fils de trame colorés fixés sur une armature en fils de chaîne (les ensouples) qui vont devenir l’ossature de l’œuvre. La préparation de cette chaîne est une étape cruciale car sa solidité et son équilibre conditionnent la qualité finale du tissage.

L’artisan poursuit sa préparation avec l’opération de flûtage (transfert de la matière brute des bobines aux flûtes) puis se mue en mathématicien averti pour calculer le nombre et la position des portées en fonction du rendu graphique souhaité. Il croise les fils de trame colorés avec les fils de chaîne pairs et impairs, eux-mêmes reliés à un système de levier équipé de marches, actionnées par les pieds du lissier.

Enfin, à l’aide d’un peigne, il tasse les fils de trame qui viendront recouvrir totalement les fils de chaîne. 

 

Révélation de l’œuvre : la tombée de métier

Du fait d’un tissage à l’envers, la tapisserie est enroulée au fur et à mesure sur elle-même et ne se révèle totalement qu’à la coupure des fils de chaîne : la tombée de métier. Moment cérémonieux pour tous, ce n’est qu’à ce moment précis que le lissier et les commanditaires peuvent apprécier la qualité du travail effectué (la durée d’exécution peut parfois durer plusieurs mois, voire plusieurs années sur le même ouvrage !)

 

Les finitions de la tapisserie d’Aubusson

Armé d’un seul fil et d’une aiguille, l’artisan réalise la couture des bords et des croisages. Au stade de la finition, signature et marque de l’atelier sont tissés sur l’endroit, tandis que le numéro de l’exemplaire est apposé au dos. Une barre est généralement fixée pour faciliter son accroche et aucune tapisserie ne sort des ateliers sans son « bolduc » (certificat d’authenticité spécifique aux ateliers d’Aubusson).

 

 

Teinturiers, cartonniers, lissiers, perpétuent au cœur de la nouvelle Cité Internationale de la tapisserie d’Aubusson ce savoir-faire ancestral avec une mise en accent toute particulière sur la création contemporaine.  Ces tapisseries d’interprétation s’intègrent parfaitement aux projets les plus fous des designers qui n’hésitent plus à les associer à des matières brutes (métal, bois, cuir…) et à profiter des évolutions technologiques développées au sein du laboratoire d’expérimentation d’Aubusson. La créativité a donc encore de beaux jours devant elle !

 

 

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À lire :

L’histoire de la tapisserie d’Aubusson

TAPISSERIE : Aubusson tisse Tolkien

En Lices ! Histoire de la tapisserie française des origines jusqu’au XXe siècle

La tapisserie française du XXe siècle à aujourd’hui

 

Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.

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