En Lices ! Histoire de la tapisserie française des origines jusqu’au XXe siècle

En Lices Histoire de la tapisserie française des origines jusqu'au XXe siecle textileaddict

©l’Apocalypse de Jean

 

Issue des arts décoratifs, la tapisserie est une forme d’expression textile à la fois, décorative et fonctionnelle. Jadis, la tapisserie était employée à des fins de commodité et d’embellissement, avant d’être exposée en signe d’opulence. Au cours de l’histoire, la tapisserie française a connu bien des fluctuations. Aujourd’hui, elle connaît un nouvel essor grâce à des artistes contemporains ayant la volonté de pérenniser ce métier d’art.

Bien que la tapisserie ait régné en maître en Égypte et en Grèce durant l’Antiquité, peu d’ouvrages sur l’existence de cet art décoratif en Occident aient été avérée avant l’époque féodale. Notre histoire débute ainsi. Du Moyen- âge jusqu’au Second Empire, à savoir à la fin du XIXe siècle, ce sont les rois, les aristocrates et les hommes d’église qui commandent et financent les tapisseries. Chaque commanditaire décide donc de la thématique qui y sera abordée : ecclésiastique, mythologique ou littéraire, autant se faire plaisir !

 

 

Mais comment sont fabriquées les tapisseries ?

 

Deux modèles de métiers à tisser subsistent : celui à haute lice et l’autre à basse lice. Pour le premier, les fils sont nécessairement à la verticale alors que pour le second, ils sont à l’horizontale. Fait de fils entrecroisés, le tissage comprend les fils de chaîne, dans le sens de la longueur et les fils de trame, dans le sens de la largeur. Vous me suivez ? En disposant les fils de chaîne, habituellement en laine ou en coton, sur le métier à tisser, ces derniers se tendent. Afin de créer les motifs ornementaux des tapisseries, le lissier fait passer des navettes à travers les fils de chaîne.

Par ailleurs, le licier se réfère au carton. Il s’agit de la maquette esquissée et/ou peinte par un peintre indiquant les informations relatives à la composition, aux couleurs et aux motifs de la future tapisserie. Une fois finalisée, il est extrêmement difficile de discerner si la tapisserie a été tissée en haute ou basse lice.

 

 

Quelles sont les ressources usitées ?

 

Employée prioritairement pour ses qualités thermiques, la laine de mouton est le matériau de base du tisserand. Facile à teindre, elle permet d’obtenir une large palette de coloris au moyen de pigments naturels. Le licier peut recourir également à d’autres ressources comme le coton, le chanvre ou le lin. Il peut aussi utiliser des matériaux plus nobles tels que la soie et les fils d’or et d’argent. Exceptionnelles réalisations en laine et soie, La Tapisserie des Cerfs Ailés (milieu du XVe siècle) et Dais de Charles VII sont des pièces destinées au roi de France, Charles VII.

 

la tapisserie des cerfs ailes dais de charles VII textileaddict©La Tapisserie des Cerfs Ailés // ©Dais de Charles VII

 

 

Mais en quoi la tapisserie est-elle fonctionnelle dans l’histoire ?

 

Tout d’abord, elles permettent une bonne isolation du froid et des courants d’air. Oui oui, une église ou un château, c’est grand ! Par la suite, les tapisseries deviennent luxueuses et confortables afin d’embellir les espaces de vies. Car les seigneurs et autres monarques ont besoin d’afficher leur « bon goût » et surtout leur richesse aux yeux de tous. Cependant, cela fait des envieux et il n’est pas rare de constater des vols, essentiellement en période de conflits. Aussi, tentures murales, assises ou paravents sont des trésors de guerre particulièrement recherchés.

Véritable témoignage de l’époque médiévale, la tenture de l’Apocalypse de Jean (ensemble de six tapisseries) est commanditée par le duc Louis 1er d’Anjou à la fin du XIVe siècle. Elle est la plus grande et illustre tapisserie murale demeurant au monde. Un autre chef-d’œuvre, provenant celui-ci, de la Renaissance française, est La Dame à la Licorne (début du XVIe siècle). Il est un millefleurs (motif répétitif issu de l’univers de la flore) mettant en lumière une allégorie des cinq sens.

 

l apocalypse de jean la dame a la licorne textileaddict©l’Apocalypse de Jean // ©La Dame à la Licorne

 

Vers 1530, François 1er fait construire le premier centre de tapisserie royal, qui deviendra en 1601, la célèbre Manufacture des Gobelins. La tapisserie connaît alors un engouement notoire, notamment dans les provinces de la Flandre et de l’Artois, à ce moment-là françaises jusqu’au traité de Madrid (1526).

À partir du XVIIe siècle, l’art de la tapisserie s’internationalise et les tapisseries de Beauvais sont fondées. En l’honneur du roi Louis XIV, Charles Le Brun et Jean-Baptiste Colbert font réalisés la tenture de l’Histoire du Roy (ensemble de quatorze tapisseries – milieu XVIIe siècle) au sein des ateliers Gobelins.

Au XXe siècle, après la Seconde Guerre mondiale, le métier d’art s’individualise et offre de nouvelles perspectives aux liciers. De ce fait, la tapisserie contemporaine fait son entrée avec des artistes comme Jean Lurçat, Josep Grau-Garriga ou Dom Robert. Contribuant à perpétuer cet art ancestral, à leur manière, des tentures aux accents tridimensionnels, abstraits et lyriques font leur apparition.

De nos jours, les tentures servent de présents ou sont installées à titre décoratif au sein de structures comme l’Élysée. En 2009, afin de souligner six siècles d’héritage et le savoir-faire de la prestigieuse tapisserie d’Aubusson (milieu du XIVe siècle), l’UNESCO l’inscrit au titre de patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Avec son enchevêtrement de laine et de soie, L’Éducation d’Apollon (milieu du XVIIIe siècle) est une magnifique pièce réalisée à la manufacture royale d’Aubusson.

 

l histoire du roy l education d apollon textileaddict ©Histoire du Roy // ©L’Éducation d’Apollon

 

Quelques adresses pour découvrir la tapisserie :

musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine à Angers

Manufacture nationale de la tapisserie à Beauvais

Cité internationale de la tapisserie à Aubusson

Mobilier national / Les gobelins à Paris

 

 

 

A lire :

La tapisserie française du XXe siècle à aujourd’hui

 

Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.

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