Tetranychus lintearius ©Daniel Verdier
Après plusieurs innovations telles que les fibres de champignon ou la soie d’araignée, la science des biomatériaux explore la piste de la soie d’acarien.
Grâce aux propriétés de la nanofibre sécrétée par le tétranyque des ajoncs, on imagine déjà de nouvelles fibres de premier ordre qui pourraient trouver de multiples débouchés dans différents secteurs de l’industrie.
Un acarien nuisible, mais aussi utile
Le tétranyque des ajoncs (Tetranichus Lintearius) appartient à une grande famille d’acariens, mieux connue sous le nom d’« araignée rouge ».
Ce petit arthropode d’un rouge éclatant mesure à peine 0,5 mm de long et comme tous les acariens, il appartient à la famille des arachnides. Il possède donc 4 paires de pattes, un corps segmenté, un exosquelette composé de chitine… et tout comme les araignées, il est capable de produire un fil de soie fin et résistant.
Minuscule, mais peu discret et très envahissant, le tétranyque de l’ajonc est originaire d’Europe occidentale. On le trouve également en Océanie et au nord-ouest des États-Unis. Il vit en grandes colonies sur les branches d’ajoncs communs, à l’extrémité desquelles il tisse des abris de voile soyeux.
Sa fâcheuse tendance à infester les plantes et à les parasiter le classe dans la catégorie des nuisibles. Malgré ce statut peu enviable, ce redoutable ravageur est parfois utilisé comme agent de lutte biologique pour limiter la prolifération des ajoncs.
Une soie à haut potentiel
Le tétranyque des ajoncs produit une nanofibre de soie à la fois plus fine, plus rigide et plus résistante que la soie d’araignée (elle-même considérée comme une « super-fibre »). À poids égal, ce matériau résiste 4 fois plus à la traction que l’acier. Des propriétés qui laissent présager d’innombrables possibilités d’applications…
Tout comme la soie naturelle ou la soie d’araignée, le fil de soie du tétranyque est un polymère naturel. Cette soie d’acarien est constituée d’une chaîne de petites unités protéiques répétées, assemblées à la façon d’un collier de perles.
Ces nanofibres cytocompatibles pourraient bénéficier des récentes avancées biotechnologiques qui ont déjà permis de produire de la soie recombinante à partir de bactéries telles que l’Escherichia Coli. L’objectif est maintenant de développer de nouveaux nano-matériaux biosourcés exploitables par la médecine, la science ou l’ingénierie.
Déposez gratuitement votre projet sur Textile Addict,Besoin des conseils d'un spécialiste textile ?
recevez des devis qualifiés et sélectionnez le freelance idéal.
Propriétés et applications de la soie d’acarien
La soie d’acarien est reconnue pour ses propriétés :
– Rigidité (2 fois plus rigide que la soie d’araignée)
– Finesse (400 fois plus fine que la soie d’araignée)
– Résistance à la traction (4 fois supérieure à celle de l’acier)
– Biodégradable
– Biocompatible
– Non toxique
Le Département de Biologie de la Western University (Canada) s’intéresse de près à cette nanofibre pleine d’avenir. Des recherches sont menées dans le domaine de la médecine, de l’industrie alimentaire, de la cosmétique et de l’agrochimie. Les nanomatériaux et biofilms basés sur la soie d’acarien pourraient avoir le rôle de messagers ciblés (administration de médicaments ou de vaccins), permettre le développement de tests viraux et même faire progresser la médecine régénérative. Ils pourraient également contribuer au développement de nouveaux engrais, stabilisants ou conservateurs.
En ce qui concerne l’industrie textile, la solidité, la finesse et la résistance de la soie d’acarien permettent d’envisager de belles innovations dans le domaine des textiles techniques (vêtements de protection, de sport, de travail…) et dans le secteur biomédical. Il ne reste plus qu’à trouver comment produire ces nouveaux nanomatériaux en quantité et à moindre coût.
À lire :