Lors des dernières éditions 2019 des salons Texworld et Première Vision Paris, un des sujets les plus abordé était celui du sourcing durable et des enjeux éthique qui en découlent. Dans un contexte où les matières dites “propres” peuvent être naturelles, locales, recyclées ou upcyclées et que le cycle entier de la durée de vie d’un produit devient essentiel, la suite logique pourrait bien être le Bio-sourcing…
Tout ceci nous amène à chercher comment le Bio-sourcing pourrait devenir la révolution durable d’un futur proche ?
©Drew Hays // Spiruwheel 1 Atelier Sumbiosis ©Véronique-Huyghe
Qu’est-ce que le Bio-sourcing ?
Le Bio-sourcing est la symbiose de l’innovation et de la biologie, qui met les biotechnologies au service de la mode et de la création textile. Le travail se décline sous forme de sourcing de matériaux naturels et biodégradable, transformés en matière propre ou bien développées grâce à la bio-fabrication en laboratoire.
La bio-fabrication, c’est utiliser les micro organismes vivants (levures, protéines, algues, bactéries…) et mettre au point des cellules qui, en se reproduisant, forment une substance transformable en textile (fibres, fils, tissu ou bio polymer).
Méthode déjà utilisée en recherche médicale et en impression 3D, en mode, c’est Suzanne Lee la pionnière. Elle a recourt à la bio-fabrication lorsqu’elle conçoit la recette BioCouture, il y a une quinzaine d’années. La BioCouture est l’art de faire « pousser » des vêtements, en cultivant des levures et des bactéries. Cette matière première deviendra une cellulose travaillable en textile.
©Suzanne Lee, prototype réalisé avec sa recette BioCouture
Les atouts du Bio-sourcing
Son aspect d’alternative durable et sa biodégradabilité sont parmi les qualités majeures du Bio-sourcing. Il permet aussi dans le cas de récolte de déchets agricoles, de valoriser des matières premières vouées au rebut, ce qui apporte une source supplémentaire de revenus aux cultivateurs. Le procédé en laboratoire de la bio-fabrication évite des pesticides hasardeux et offre un meilleur contrôle des étapes de fabrication (ex: teinture Spiruwheel de Atelier Sumbiosis) et le renouvellement infini des cellules en fait un sourcing intarissable. Enfin les biotechnologies ont des bénéfices de performance et de bien-être adaptables aux exigences du sport et de la lingerie. (Picture, Adidas …)
Quelques exemples concrets
Open Bio Fabric est un organisme fondé par Sabrina Maroc, qui promeut et appui la bio-fabrication. Inspiré par le travail de Suzanne Lee, OBF a inventé des systèmes de production de cellulose bactérienne qui, combinés au savoir faire des biotechnologies, accompagne les entreprises pour développer les matériaux du futur. De plus, ces travaux sont en open source et partagés sur leur réseaux sociaux. En Septembre dernier la section Advantex du salon Texworld, dédiée aux nouvelles technologies, et Open Bio Fabric exposaient certains de ces acteurs. Parmi eux Atelier Sumbiosis, Bolt Thread ou Caroline Raff…
Atelier Sumbiosis est un laboratoire de recherche à la croisée des savoir-faire textile, de la science et du design crée par Tony Jouanneau qui travaille sur l’ennoblissement textile, à travers la teinture ou le dévoré par exemple. En 2019, l’atelier Sumbiosis est sélectionné par la Fondation d’entreprise Hermès pour leur programme « Académie des savoir faire« .
« Nous sommes invités en tant qu’académiciens à porter une réflexion commune et créative sur la matérialité textile sous la direction de Matali Crasset ».
SlowDevored2 ©photo Véronique Huyghe
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Quelques exemples à l’échelle industrielle
Bolt Thead, une entreprise spécialisée dans l’innovation des matériaux, a trouvé le moyen scientifique de fabriquer des options à la soie et au cuir. Mylo est une alternative au cuir à base de champignon et Microsilk un fil de « soie » élaboré à partir des protéines présentes dans les fils d’araignée. Leur slogan : » Inspiré par la nature et mis au point pour notre futur « a convaincue Adidas et Stella Mc Cartney qui ont utilisé ce matériaux dans leur dernière collaboration. Il conserve les atouts de la soie (flexibilité, thermorégulation et douceur), sans processus cruel pour les animaux et avec un impact moindre sur l’environnement, car Microsilk et Mylo sont biodégradables.
©Stella Mccartney X Adidas 2019
©Stella Mccartney X Adidas 2019
Le système innovant AGRALOOP, marque déposée du groupe américain Circular system SPC, donne une seconde vie aux déchets agricoles (écorce de cannes à sucre, feuilles d’ananas, graine de chanvre…) en les régénérant en matière éco-responsable de qualité (fibre proche du coton) . De plus, ces déchets sont habituellement brulés et leur réhabilitation évite du CO2 inutile. Leurs tissus sont des chaînes et trame résistants plutôt destinés à du workwear ou de l’outwear. En 2018, Agraloop a reçu les prix « Global change award » de la fondation H&M pour l’innovation. Pour la première fois, Circular system présentait ces innovations au sein de l’espace Smart Création de Première Vision.
Les innovations liées au Bio-sourcing sont innovantes par leur technicité et peuvent parfois paraitre réservées à une élite par leur disponibilité ou leur prix. Elles apportent de nouvelles questions sur la fabrication ainsi que la propriété industrielle, qui est détournée grâce aux recettes disponibles en open source. Cependant, ces procédés industriels sont encore en marge et concernent principalement les marques innovantes et avec une forte volonté de durabilité.
En savoir plus :
Conférence Texworld Paris : “Bio-sourcing , tomorrow’s revolution”
Smart Talk Premiere Vision Paris : Marina Coutelan Fashion manager smart creation PV
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