La seconde main, est-ce la solution pour acheter responsable ?

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Très longtemps considérée comme un marché parallèle destiné aux plus nécessiteux, la fripe s’est muée en un segment de poids de l’industrie de la mode. Les préoccupations économiques des consommateurs y sont certes pour beaucoup… mais pas que ! Comportement plus éthique, éco-responsabilité, intérêt pour une mode plus durable en ont fait une véritable tendance de fond. Les vêtements seconde main sont-ils pour autant LA solution pour des achats vestimentaires responsables ?

 

 

Le marché des vêtements d’occasion

 

Tandis que la part consacrée au secteur de l’habillement « classique » ne cesse de reculer dans le budget des ménages français (4% aujourd’hui contre 9% dans les années 60, source IFM, Institut français de la mode), celle dédiée aux vêtements de seconde main croît de manière exponentielle.

Début 2020, près de 40% des consommateurs français ont déjà succombé à la tendance de l’occasion, un élan responsable permettant de réduire le gaspillage textile. Toujours selon L’IFM, plus d’un milliard d’euros est généré chaque année par le segment, mais avec la crise sanitaire, 2021 devrait présenter des résultats encore plus importants. Suite aux confinements successifs, les français ont fait le tri dans leurs placards ; un passe-temps qui a désengorgé chaque recoin des logements et permis simultanément d’arrondir des fins de mois compliqués. Le message publicitaire du géant Vinted « Tu ne le portes plus ? Vends-le ! » a encore de beaux jours devant lui !

 

 

 

Les vêtements seconde main, un potentiel réservoir d’actions positives

 

Et si les vêtements d’occasion permettaient de limiter la production, réduire les déchets et devenaient parallèlement le nouvel eldorado du secteur de l’habillement ? Parce que l’urgence climatique met au défi toute l’industrie de la mode d’innover de façon durable, les marques développent de nouveaux concepts de plus en plus vertueux. Entre motivations économiques et convictions écologiques, la lutte contre l’obsolescence programmée, le recyclage ou le réemploi sont au cœur des nouvelles stratégies. Sous pression, plus consciencieuses, elles s’adaptent aux profondes mutations en multipliant les initiatives positives. Certaines enseignes de prêt-à-porter monétisent les collectes de vêtements d’occasion sous forme de bons d’achat (H&M, Bonobo, Maison 123), quand d’autres, (Galerie Lafayettes, Kiabi, Bocage) implantent directement des corners de mode d’occasion parmi leurs espaces marchands, habituellement dédiés au neuf, ou en ligne comme le font Camaïeu et Ïdkids.

La construction d’un nouvel équilibre se dessine progressivement entre la mode classique et la mode de seconde main. Les prémices de cette cohabitation semblent ravir autant les professionnels que les fashion addicts. Côté enseignes, l’occasion est un booster de ventes. Côté consommateurs, en plus de se donner bonne conscience, la seconde main profite à la planète, au portefeuille et agit efficacement sur le moral… mais gare aux excès !

 

Les points de vente pour acheter ses vêtements d’occasion : 

Seconde main, où acheter ses vêtements d’occasion ?

 

 

 

Les possibles dérives des fringues seconde main

 

Si ce segment est en plein essor, c’est en partie grâce à la surconsommation textile. Depuis une vingtaine d’années, la fast fashion propose des vêtements neufs, de qualité moindre, à des prix certes accessibles à tous, mais dont on se lasse très vite… Après seulement quelques mois d’utilisation, ces vêtements constituent la principale source d’approvisionnement du marché parallèle de l’occasion. Ils sont revendus sur les sites de second hand, en vide-dressings, en friperies ou désormais dans nos hypers. Avec des tarifs toujours plus attractifs, difficile de ne pas céder à la tentation des volumes et de ne pas succomber aux achats compulsifs.

Le vêtement d’occasion pourrait alors contribuer indirectement à une accélération de la fast fashion et réduire son impact sur la réduction globale des volumes de production.

 

 

 

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Quelles sont les solutions pour s’habiller de manière responsable ?

 

Même si le total look d’occasion ne prend pas en compte tous les critères fondamentaux de la mode durable, l’idée n’est pas d’y renoncer totalement, mais plutôt de pondérer ses choix.

Peut-être en adoptant un comportement plus éthique et une responsabilité sociale dès l’achat de ses vêtements neufs. Peut-être en réduisant la taille de son dressing. Une piste à explorer pourrait consister à se questionner et à mieux se connaître : mieux définir son style, identifier les couleurs et les coupes les plus seyantes en fonction de sa morphologie, déterminer ses propres basiques tout comme ses véritables besoins vestimentaires. Autant de réponses qui pourraient susciter l’envie de se tourner vers des pièces neuves, commercialisées par des marques durables, sensibles à la chaîne de valeurs positives pour constituer une alternative à la frénésie d’achat de vêtements d’occasion.

 

Pour trouver des marques durables :

Mode responsable : où trouver des marques éthiques ?

 

 

L’économie sociale et solidaire parvient à faire bouger les lignes au sein de l’industrie textile, qui prend désormais en compte l’engouement pour les vêtements d’occasion. Des changements s’opèrent tant du côté du consommateur qui appréhende différemment ses besoins vestimentaires, que des professionnels qui s’adaptent à l’évolution du secteur. Et si l’ère de la mode propre était tout simplement celle des dressings durables et minimalistes ?

 

 

A lire :

Les dessous (pas très chics) de l’industrie textile

Quelle est la différence entre mode éthique et mode durable ?

Quelles solutions les marques utilisent-elles pour limiter le gaspillage textile ?

 

Image de Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.