La découverte du fil de soie daterait de 4 500 ans avant J.-C. C’est en Chine que l’on trouve les premières séricicultures où les vers à soie sont élevés pour produire du fil à tisser. L’histoire ouvrière et textile de la France est, elle aussi, marquée par la magnanerie. En 1856, la ville de Lyon employait tant de canuts que le pays est devenu le premier producteur mondial de soie.
Aujourd’hui, on trouve encore quelques rares élevages et soieries sur le territoire. Ces lieux conservent la magie de la création et le savoir-faire sur le tissage du précieux fil. Nous vous déroulons dans cet article les différentes étapes de sa préparation.
Qu’est-ce que la soie ?
La soie est le terme générique pour désigner le fil produit par diverses espèces animales : des larves de papillons, des araignées, des mollusques et la cochenille. Elle sert à la fabrication d’étoffes souvent à valeur cérémonielle ou rituelle dans beaucoup de cultures.
La soie considérée comme la plus précieuse dans le monde textile est celle du bombyx du mûrier (Bombyx mori), un papillon qui n’existe plus qu’à l’état domestique dans des élevages. Si le brin de ce vers à soie mérite d’être cultivé, c’est qu’il est particulièrement fin (32 millièmes de millimètre), solide, élastique et qu’il devient d’une blancheur incomparable après lavage.
Le cocon de la larve est formé par ce brin continu d’un kilomètre de long. L’assemblage de quelques-uns permet de constituer le fil de soie qui sert au tissage.
L’élevage de vers à soie
Il faut donc commencer par de l’élevage de vers pour obtenir du fil. La ponte des femelles papillons a lieu en début d’été et l’éleveur conserve les graines au frais jusqu’au printemps où les œufs éclosent.
Nourrir les larves
Les minuscules larves qui naissent se nourrissent exclusivement de feuilles de mûrier-platane.
Pendant 30 jours à manger en permanence environ 15 g de feuilles et à muer 4 fois de peau, le ver atteint entre 6 et 8 cm. C’est le moment qu’il choisit pour grimper dans la structure de rameaux de bruyère fabriquée par l’éleveur. Cette étape se nomme l’encabanage et marque le début de la formation du cocon.
La formation du cocon
Le ver a besoin de trois jours durant lesquels il fait des mouvements de tête pour s’enfermer dans son cocon. Le fil qu’il produit est composé de la fibroïne (la soie pure) et de la séricine (matière gluante qui fait tenir le cocon).
Une partie des cocons sert à la reproduction et elle est laissée sur la structure le temps que les chrysalides se transforment en papillons, sortent du cocon et participent au processus de fécondation des œufs.
La fabrication du fil de soie
Les cocons destinés pour la production de soie sont ôtés des rameaux de bruyère : c’est l’étape du décoconnage. Pour empêcher la naissance du papillon et le déchirement du fil, les cocons sont mis dans une étuve à 70-80° C.
La séricine est ramollie à l’aide d’un bain d’eau bouillante à 90 °C pendant 5 minutes. Ainsi, la filature devient possible. Les cocons sont battus avec un petit balai de bruyère pour rechercher le début du fil de soie.
Comme le brin est trop fin pour le tissage, on procède au dévidage. 4 à 10 fils de cocon sont réunis pour former un seul fil de soie. La grosseur de la soie s’exprime en deniers, qui correspondent au poids en grammes pour 9 000 mètres de fil. La soie brute ou soie grège est enroulée en écheveaux aussi appelés flottes.
La préparation d’un fil de soie à tisser
Épaisseur du fil de soie
Sans moulinage, c’est-à-dire torsion, le fil de soie brute ne peut être utilisé sur un métier à tisser. En effet, il faut en renforcer la cohésion et la résistance. Le nombre de tours subis par le fil dans le moulin à tordre dépend de l’outil auquel il est destiné. Pour la chaîne, c’est la résistance qui est privilégiée et le nombre de torsions est élevé. Pour la trame, on peut laisser du gonflant au fil qui subira moins de frottement et ne risquera pas de se briser.
La coloration du fil de soie
Vient ensuite le décreusage, le lavage à l’eau chaude et au savon d’huile d’olive pour ôter le grès de la soie et lui donner sa blancheur caractéristique. L’écheveau ne peut ni être teint, ni coloré sans cette étape.
Teinter de la soie est une étape délicate qui doit être faite à la main par un professionnel dans le domaine. La teinture de la flotte est contrôlée pour vérifier la qualité et la conformité du coloris avant le tissage.
Le placement du fil de soie sur le métier
L’ourdissage permet de dévider les bobines de fils sur un tambour pour constituer la chaîne du tissu. Les bobines sont disposées sur un cantre (partie de l’ourdissoir qui supporte toutes les bobines de fil), puis les fils sont enroulés sur un tambour. Les fils de chaîne sont enroulés parallèlement entre eux et dans l’ordre qu’ils occuperont sur l’étoffe tissée.
La préparation se conclut par le pliage : la chaîne formée sur le tambour de l’ourdissoir est enroulée autour de l’ensouple, le rouleau arrière du métier à tisser ; et par l’enfilage (ou remettage en soierie) : chaque fil de chaîne est placé dans les lisses, en fonction de l’armure choisie (toile, sergé ou satin). Les fils qui constitueront la trame du tissu (soit sa largeur) sont quant à eux enroulés sur des canettes.
Après le placement des fils sur le métier, le tissage peut commencer.
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