Omniprésents dans nos intérieurs, le tapis s’est démocratisé avec l’industrialisation du tissage mécanique au début du 20e siècle, mais en opposition, le tissage artisanal a été valorisé pour devenir au fil du temps un art très haut de gamme, dont les pièces emblématiques font partie du patrimoine national.
- De la manufacture Royale au Mobilier National
Initialement utilisé au au moyen âge pour revêtir les buffets ou les lits des nobles demeures, il a progressivement perdu de la hauteur pour ornementer les sols tout en gagnant en notoriété.
L’histoire du tapis ne démarre en France qu’à partir du règne d’Henri IV qui fonde, dans les galeries du Louvre, la « manufacture des tapis façon Perse et Levant », atelier où la technique du point noué, dit « de Turquie » est utilisé.
Louis XIII va à son tour perpétrer cette tradition avec un atelier qui va prendre ses quartiers dans les bâtiments d’une ancienne fabrique de savons – d’où le nom de Savonnerie – qui sera à son tour réorganisée au 17e siècle par Colbert. La manufacture royale de la Savonnerie produit à cette époque garnitures de sièges et tapis de velours de grandes dimensions, utilisés pour meubler les châteaux de la cour de France ou offerts comme présents royaux. La savonnerie sera rattachée, en 1825, à la manufacture des Gobelins.
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- Les Savonniers, ces techniciens de l’Art qui perpétuent un savoir faire d’exception
Les gestes des lissières de la Savonnerie n’ont pas changé depuis des siècles. Avec un temps de réalisation variant de 4 à 7 ans, leur fabrication est immuable.
Sur des métiers à tisser verticaux (21 en tout répartis sur 2 sites, La Savonnerie de Paris et l’antenne de Lodève depuis 1964) le technicien enchaine plusieurs étapes, aussi délicates les unes que les autres, pour tisser un tapis : préparation du support (traçage sur un calque des repères techniques, retranscription à l’encre sur tous les fils de la chaine), formation de boucles très serrées à l’aide d’une broche (entre 8 et 20 points par cm2), démêlage des brins de laine, puis 2 tontes successives à l’aide de ciseaux courbés pour laisser apparaitre le velours.
La dernière étape, celle de la finition, consiste à l’aide de la pointe du ciseau à replacer, un par un, les brins de laine pour une précision de motif inégalée.
Toujours produits dans ces lieux chargés d’histoire, les tapis de la Manufacture de la Savonnerie sont destinés à d’autres lieux emblématiques, salons ou bureaux de la République (peu de chance de le voir dans votre salon, le dernier produit a été évalué à 200 000€ pour un tapis de 10m2 réalisé en 5 ans…). Une des plus célèbres réalisations est celle de Charles Le Brun se trouvant actuellement à la Grande galerie du Palais du Louvre.
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