masques © Le Slip Français
En pleine pandémie COVID-19 et face à la pénurie de masques et de surblouses, le gouvernement a annoncé fin mars le lancement du projet Résilience. Objectif ? Permettre aux PME françaises du secteur du textile de produire des masques de protection et de surblouses pour aider tous ceux qui se battent contre le virus !
Comment la filière s’est-elle mobilisée ? Quelles sont les PME (Petites et Moyennes Entreprises) en pointe sur ce combat incommensurable ? Et comment produire des masques et des surblouses de qualité et surtout efficaces ? Textile Addict vous dit tout et vous aide à rejoindre, si vous le souhaitez, cet élan de générosité…
La filière textile s’engage contre le COVID-19
A ce jour, c’est près de 600 entreprises textiles françaises qui se sont lancées dans la production de masques et de surblouses. A terme, la production pourrait être de 850 000 masques par jour, le tout étant centralisé par le Comité Stratégique de Filière (CSF).
Impossible de faire un état des lieux complet de toutes les initiatives, toutes plus généreuses les unes que les autres, c’est pourquoi nous vous proposons quelques exemples de cette générosité nationale. On peut citer pêle-mêle : Blanc des Vosges (88), Kiplay (61), Plim (79), Boldoduc (69) et aussi de nombreuses marques de prêt-à-porter tricolores comme Lacoste, Etam, 1083 ou encore Armor Lux.
Et insistons plus particulièrement sur certaines initiatives :
- Le Slip Français organise la production
Le slogan de la marque Le Slip Français est « Vous voulez changer le monde ? Commencez par changer de slip ! ». Eh bien, il semble que l’entreprise de Guillaume Gibault ait désormais décidé d’aider à changer le monde !
Comment ? Le Slip Français n’ayant pas ses propres ateliers, l’entreprise ne peut pas fabriquer directement des masques, mais elle a décidé de fédérer une grande partie de la filière. Résultat, en quelques jours, plus de 300 ateliers et fabricants de matières ont été mobilisés un peu partout en France, pour une capacité de production de près de 600 000 masques par jour !
©Le Parapluie de Cherbourg // ©Lemahieu
- Le Parapluie de Cherbourg aide à la protection des soignants
Élan de solidarité également dans le Cotentin où l’un des fleurons de la région, Le Parapluie de Cherbourg, apporte aussi son aide au monde hospitalier. Cette manufacture de père en fils depuis 1800 (aujourd’hui présidée par Charles Yvon) a déjà confectionné plus de 8 000 masques grâce au bénévolat de ses couturières qui ont l’habitude de produire en temps normal des parapluies haut de gamme ! Des masques offerts localement aux soignants de Cherbourg…
- Lemahieu protège le Nord
Autre démarche locale solidaire, celle de l’entreprise textile Lemahieu. Avec d’autres acteurs du Nord de la France, cette entreprise de sous-vêtements a lancé l’opération Des Masques en Nord, sous le contrôle du CHU de Lille. Une collaboration qui a donné naissance au Garridou, un masque qui est une création de l’atelier et qui a été validé par la Direction Générale de l’Armement. La marque réserve aussi 10% de ses ventes sur le net à la fondation Le Souffle du Nord, un collectif qui agit toute l’année au service des initiatives positives régionales…
©Les Tissages de Charlieu
- Les Tissages de Charlieu mobilisent son outil de production
Dans la Loire, Les Tissages de Charlieu, spécialisés dans les tissus Jacquard, ont eux aussi décidé de mobiliser leurs moyens de production pour fabriquer des masques en tissus réutilisables. Une force de frappe incroyable puisque près de 250 000 masques sont désormais fabriqués par jour. Et vous imaginez bien qu’ils sont très convoités : en quelques jours, l’entreprise centenaire a reçu près de 3 000 commandes. Un élan de solidarité que l’on doit aux 70 salariés des Tissages de Charlieu qui se relaient 7 jours sur 7 et qui ont tous accepté sans hésiter de revenir travailler…
- Noyoco, une jeune marque qui joue la solidarité
Alors que la quasi-totalité du pays est à l’arrêt, Noyoco se mobilise également ! Cette enseigne écoresponsable a mis le savoir-faire de ses équipes (les salaires sont payés par la marque) au service de la protection des soignants tout en ouvrant un crowdfunding sur Ulule pour l’achat de la matière première. Chaque don de 2,5€ permettra la fabrication d’un masque et, pour 1 000€ récoltés, c’est toute une unité de production d’un établissement de santé qui est couverte…
©Noyoco
N’oublions pas aussi les nombreux petits ateliers de production et les couturières indépendantes qui se sont lancés dans cette chaine de solidarité contre le coronavirus. Ayons par exemple une pensée pour le mouvement des « couturières solidaires ». C’est un réseau qui compte déjà plus de 7 000 membres à travers toute la France.
Les adresses utiles pour participer / commander
Voici 2 adresses utiles si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure :
- Retrouvez ici le tableau des producteurs de masques
- Si vous souhaitez proposer des masques et surblouses et/ou entrer en contact avec les producteurs et distributeurs de produits de première nécessité et/ou passer commande : consultez le site du Groupement CSF
Comment produire des masques ?
Afin de permettre aux entreprises et aux indépendants d’aider à la production de masques, il a été nécessaire de créer 2 nouvelles catégories de masques à usage non sanitaire. En effet, dans l’urgence, impossible de demander à la filière textile de confectionner des masques FFP2 !
Peuvent donc désormais être fabriqué :
- Soit des masques filtrants individuels à usage des professionnels en contact avec le public. Ce sont des masques qui ont des propriétés de filtrage sur les particules émises de 3 microns.
- Soit des masques filtrants destinés à l’usage d’individus ayant des contacts occasionnels avec d’autres personnes, dans le cadre professionnel. Leurs propriétés de filtrations apportent un complément de protection aux gestes barrières.
En effet, précisons que ce sont des masques dont l’utilisation s’inscrit dans la stricte application des mesures liées au confinement et aux gestes barrières et qu’ils ont été validés par la DGA (Direction Générale de l’Armement).
©IFTH
Il est aussi important de suivre des cahiers des charges précis pour la confection de ces masques. C’est pourquoi l’IFTH (Institut Français du Textile et de l’habillement) et la DGA (Direction Générale de l’Armement) ont mis à disposition du secteur textile un certain nombre de documents techniques :
- Cahier des charges de la DGA pour la fabrication alternative aux masques FFP2 (masques prioritaires car adaptés aux personnels soignants)
- Pour faciliter la mise en œuvre de cette dynamique exceptionnelle, IFTH a mis au point dès le lundi 16 mars 2020 un cahier des charges technique pour la confection de masques (CDC version 2 Avril à télécharger ici).
Vous pouvez aussi consulter la base de données avec la caractérisation matière des premiers tests réalisés par la DGA.
Comment produire des surblouses ?
En pleine vague épidémique, le personnel soignant a aussi besoin de ses traditionnelles surblouses qui permettent de se protéger des salissures. Vous vous en doutez, la filière textile est là aussi très utile afin de faire face au manque cruel de protections du milieu hospitalier. Pour cela, l’IFTH a là aussi partagé une fiche technique aux professionnels capables de confectionner ses surblouses.
On notera que ces surblouses ont été un peu plus rapidement mises en production car, à la différence des masques, elles ne demandent aucun test, ni procédure de validation.
©IFTH
Coté production, elles sont fabriquées en taille unique car elles s’adaptent à toute les morphologies grâce à son système de fermeture arrière réglable. Il est aussi important que ces surblouses soient majoritairement en polyester et de couleur clair. Enfin, elles doivent pouvoir résister à une cinquantaine de lavages.
Un effort de production de la filière textile qui est sans précédent, tout comme la pandémie qui touche le monde entier depuis le début de l’année 2020. Cette solidarité devrait se poursuivre tant que les besoins de masques et de surblouses se feront sentir. Et pour endiguer cette pénurie, il faut compter sur les arrivages journaliers en provenance de Chine, mais aussi sur les fabricants français, de masques FFP2 certifiés. Mais rappelons-le, ils ne sont qu’au nombre de 4 sur tout le territoire national !
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