Le concours Textile Addict 2023 a permis à de nombreux participants de dévoiler leur talent de graphiste textile en proposant une vision de la féminité engagée. Le prix du jury a été remporté par Audrey Médy : son joyeux motif « Pop Heart » sera bientôt imprimé sur les culottes menstruelles de la marque Chérie Louve.

L’occasion pour nous de découvrir le parcours et le processus créatif de cette lauréate pétillante, ainsi que les projets qui lui tiennent à coeur.

Graphiste textile, une révélation

Un « crayon dans la main » depuis l’enfance, Audrey Médy aborde la vie d’un oeil optimiste. Diplômée en graphisme/illustration de l’ESA Saint Luc de Tournai, elle débute dans une agence de communication. Son déclic pour le design textile, elle le doit à une belle rencontre. En pleine période de doute créatif, elle croise le chemin de Clémence, assistante styliste devenue sa fidèle collaboratrice et l’une de ses plus proches amies.

Encouragée à postuler en tant que graphiste textile chez Tape À l’Oeil, elle décroche le poste et découvre un univers dont elle ignore tout : « Une révélation ! » Ce coup de foudre professionnel la motive : « Quand les opportunités me challengent, je peux devenir excellente ! » Elle apprend les ficelles du métier « sur le tas », s’amuse à créer des motifs pour l’univers fille et bébé de la marque, mais après 2 ans et demi, Audrey a envie de voyages. Elle poursuit son activité en freelance, période durant laquelle elle savoure la chance d’avoir son « petit bureau au soleil, avec les pieds dans le sable » tout en enchaînant les missions pour des marques de mode.

Quelques pays plus tard (Thaïlande, Cambodge, Maroc…), la créatrice pose ses valises en Vendée. Nouvelle vie, nouveau job : elle intègre l’entreprise CWF où elle travaille l’univers enfant de marques de luxe (Karl Lagerfeld, Hugo Boss…) Pendant la crise Covid, elle retrouve son indépendance afin de s’investir dans la création d’un tiers-lieu associatif à Montaigu (Le Moulin Créatif).

Aujourd’hui, l’environnement professionnel et personnel d’Audrey s’articule autour de ce fablab dédié aux filières artistiques, culturelles et à l’économie circulaire. Le Moulin Créatif lui permet de déployer ses ailes : elle diversifie son activité en co-créant avec les résidents (illustrations pour des jeux, design d’applications, packaging zéro déchet, animation de stages et ateliers…) En parallèle, elle travaille toujours en freelance avec des marques de mode, de papeterie et de linge de maison.

Comme un poisson dans l’eau du Moulin, Audrey compte y poursuivre ses activités. Elle projette déjà d’y réaliser des projets « un peu fous et rigolos », comme créer une gamme de vaisselle humoristique pour chats ou des tapis tuftés.

Une graphiste textile boostée par la bonne humeur

Avec l’humour pour leitmotiv, la jeune femme fonce sur chaque opportunité qui s’offre à elle. En cas de doute, sa petite voix intérieure lui souffle une réplique culte de Jean-Claude Dusse (Les Bronzés) : « Oublie que t’as aucune chance, fonce ! Sur un malentendu, ça peut marcher. » Ce mantra, elle le conseille à tous les futurs designers qui souffrent du syndrome de l’imposteur !

Audrey est convaincue de l’importance de tisser des liens avec d’autres créatifs, autant sur le plan humain que pour l’inspiration. Sa créativité se nourrit de fous-rires, de bonnes réparties et de jeux de mots bien placés ! Après avoir travaillé dans différents contextes (en solo, en colocation, en espace de coworking…), intégrer un tiers-lieu a été une grande découverte. Pour Audrey, le Moulin Créatif est « beaucoup plus qu’un lieu de travail ou qu’un bureau partagé » : un véritable microcosme, lieu de rencontre et d’échanges enrichissant à tous points de vue. Depuis 3 ans, cette talentueuse graphiste textile semble avoir trouvé l’endroit idéal pour sortir de sa zone de confort et expérimenter de nouveaux aspects de sa créativité !

Aussi inspirée par son chat que par les voyages ou les motifs fleuris « denses et vibrants » (surtout les motifs liberty), elle puise souvent ses idées dans des visuels colorés : affiches, livres pour enfants, graffs, expos, films, meubles, tableaux… Ses préférences vont aux gammes de couleurs acidulées et dynamiques.

Les tendances mode et textile, d’où viennent-elles ​et comment les trouver ?

Toujours enthousiaste à l’idée d’un brainstorming, elle aime utiliser ses outils de prédilection (ses crayons et du papier) ou « bidouiller » sur Illustrator. Rien ne lui plaît plus que ces « petits moments d’évidence, quand son crayon ou son stylet dessinent exactement ce qui se passe dans sa tête ».

Sa passion pour le design textile vient aussi des possibilités narratives qu’offrent les motifs. Elle adore raconter des histoires en jouant sur la gamme de couleur, le trait, la taille de rapport ou le sujet.

Quant à la nécessité de se réinventer et d’évoluer graphiquement, son côté « électron libre » y voit un excellent moyen de ne jamais se lasser !

Concours Textile Addict : Audrey Médy et son motif  “Pop heart”

Un motif dense, drôle et kaléidoscopique

La drôle d’idée avec laquelle Audrey a remporté le prix du Jury vient d’un ancien motif de sa collection retravaillé pour l’occasion. Objectif de la graphiste textile : faire sourire grâce à des corps placés dans des positions très souples. Mission accomplie ! Au passage, ces petites femmes rondelettes et rigolotes ont gagné en sensualité et en substance comique. L’idée du maillot de bain en forme de coeur s’est imposée au fil du travail, comme une évidence !

– Quelles ont été tes inspirations pour ce thème ?

Sûrement l’esprit good mood des messages dans l’air du temps. Les corps qui s’assument. Les formes un peu « bubble » des visuels seventies. Et les gammes de couleurs vives qui m’entourent.

– Pourquoi ce choix de traitement plutôt qu’un autre ?

Je suis plutôt spontanée dans la vie comme dans mon processus créatif. J’aime bien le dessin vectoriel car je peux travailler mes images comme des puzzles, les rendre vivants. C’est d’autant plus parlant pour ce motif car je pouvais animer mes bonnes femmes en choisissant les orientations de corps comme des marionnettes. C’est un outil que j’exploite à son maximum pour avoir une vision globale rapide. J’aime pouvoir rebondir rapidement pour tester mes idées : une couleur à changer, un trait à arrondir, un oeil à déplacer, une jambe trop longue… Ça m’amuse beaucoup et rend mon processus très instinctif. 

– Qu’est-ce qui t’a motivée à participer au concours ?

Un temps de respiration entre deux commandes. Une envie évidemment et surtout une revanche ! J’ai connu ce concours dès les premières éditions mais je suis passée à côté faute de temps ou d’organisation. J’avais des regrets de ne pas avoir eu le temps de finir la créa de mon coussin de la dernière édition. Je crois que les culottes menstruelles m’inspirent plus que la Provence ! Et le nom de la marque « Chérie Louve» m’a bien parlé. Je voyais le ton que je pouvais donner. 

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