L’upcycling, la métamorphose des déchets textiles

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Alors que nous sommes de plus en plus sensibles aux enjeux de la durabilité, l’industrie textile réinvente les codes de la fabrication traditionnelle. La mode durable intègre progressivement dans sa chaîne de production, des matières premières déjà existantes en privilégiant, la réduction des déchets, le ré-emploi ou encore recyclage. Mais l’upcycling, nouvelle tendance émergente de l’économie circulaire, va encore plus loin dans la démarche : faire du neuf avec du vieux, non sans y ajouter une certaine plus-value. Quand surclasser devient classe, tout un pan de l’industrie vestimentaire se laisse charmer.

 

 

Avec l’upcycling, rien ne se perd, tout se transforme…mais en mieux

 

Tout l’art du concept consiste à détourner le vêtement de son identité première et à le métamorphoser en une pièce de valeur supérieure. L’upcyclage ou surcyclage en français, désigne le « recyclage par le haut », soit l’action de revaloriser le textile, en y incluant une notion plus qualitative que la pièce originelle. L’embellissement du vêtement repose sur la diversité et la nature des matériaux de base, mais dépend en grande partie du savoir-faire technique de celui qui le revisite. Seuls des gestes maîtrisés, une imagination et créativité sans limites, peuvent livrer à la mode éthique, des pièces toutes aussi uniques qu’originales.

Même si le concept n’a rien de nouveau puisque les pays en voie de développement en sont les précurseurs, les pays occidentaux ne s’orientent que depuis peu vers une consommation où l’allongement du cycle de vie du produit trouve sa place. Tandis que les premiers ont fait de la récupération un moyen de survie, les motivations des seconds sont quelque peu différentes.

 

 

Les valeurs positives de l’Upcycling

Outre l’aspect économique non négligeable, les préoccupations écologiques prévalent sur les autres arguments. Très énergivore, la production d’un article neuf puise nécessairement dans les ressources naturelles de la planète pendant que l’upcycling impacte positivement l’environnement. Moins énergivore, il exploite la matière déjà fabriquée, ne génère aucune autre dépense énergétique ou nouvelle émission de CO2, ne produit aucun autre déchet. La méthode se veut propre, responsable, éthique : elle n’engendre ni surproduction vestimentaire, ni gaspillage textile.

 

 

Le surcyclage, un booster de créativité

Bien que la technique de l’upcycling séduise de plus en plus le grand public, elle peut parfois déstabiliser le professionnel de la mode, confronté à un processus créatif totalement inversé ! Dans une démarche stylistique classique, le créateur imagine le vêtement, puis s’enquiert de la matière nécessaire à sa réalisation. Travailler l’upcycling demande une plus grande adaptabilité car l’imagination ne se développe qu’autour du stock de matières récupérées. 

Si les volumes et la diversité de matières sont conséquents, la fabrication en grandes séries est impraticable. La production de pièces se veut confidentielle, voire exclusive, c’est aussi ce qui fait tout le charme du surcyclage. Sans modifier les propriétés de composition d’origine de la matière, naissent des pièces de qualité, neuves, des vêtements upcyclés qui se déclinent en collections éthiques et audacieuses, principalement articulées autour de pièces uniques.

 

 

upcycling la vie est belt _TextileAddict©La vie est Belt

 

 

Les marques d’Upcycling

 

Dans l’hexagone, la loi sur les invendus devrait entrer en vigueur dès 2022, alors, certaines marques n’ont pas attendu l’échéance fatidique pour mettre le surcyclage à l’honneur. Economie circulaire et anti-gaspillage constituent déjà les valeurs piliers de ces entreprises avant-gardistes, parmi elles on peut citer Andrea Crews, MaisonCléo, Polère, Salut Beauté, Les Garçonnes, ou encore Gâala.

Certaines ont fait le choix de se spécialiser dans le surcyclage d’accessoires. C’est le cas de Chaussettes Orphelines qui revalorise les chaussettes en gants ou écharpes, La Vie est Belt étant elle, experte dans la revalorisation de chambres à air, détournées en ceintures ou nœuds papillons.

D’autres s’approvisionnent dans des boutiques solidaires comme Emmaus ou exploitent les fins de stocks de linge de maison ou de matières déclassées pour proposer des vêtements upcyclés originaux (Les récupérables, Gaëlle Constantini ou Hoopal).

Après s’être imposé dans le prêt à porter, l’upcycling, gagne progressivement le luxe et la haute couture. Jean Paul Gaultier a fait une belle démonstration du combo vintage/upcycling lors de son ultime défilé haute couture en janvier 2020. Marine Serre ou Margiella le mettent en pratique depuis déjà plusieurs années. Vicktor & Rolf l’ont expérimenté lors du défilé printemps-été 2020, avec des pièces en patchworks confectionnées à base d’étoffes luxueuses de leurs anciennes collections.

 

 

Dans un parfait équilibre de mode et d’éthique, de vêtements qualitatifs et de neutralité carbone, les pièces upcyclées sont promises à un bel avenir, dans la rue comme sur les tapis rouges. Un seul bémol ? Ne pas craquer sur la tenue de quelqu’un car il sera tout simplement impossible d’acquérir la même !

 

 

 

 

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Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.