Des tissus imprimés, des scènes bucoliques avec de petits personnages, des animaux et une flore omniprésente ? Pas de doute, nous sommes en présence d’une toile de Jouy, une étoffe que l’on doit au graveur et coloriste allemand, Christophe-Philippe Oberkampf. Et si c’est à Jouy-en-Josas que tout commence, c’est une toile à présent connue dans le monde entier et aux motifs infinis, mais qui n’échappent pas à quelques grandes tendances. Retour sur cette étoffe dite » indienne » ; textile de coton peint ou imprimé à l’origine en Inde ; mais désormais bien française…
©Musée de la toile de Jouy
Qu’est-ce qu’une toile de Jouy ?
En 1760, c’est donc à Jouy-en-Josas (actuellement dans les Yvelines) que Christophe-Philippe Oberkampf installe son entreprise de toile de Jouy. De quoi s’agit-il ? D’une étoffe de coton traditionnellement monochrome nommée également indienne et qui dispose d’une large palette de coloris : rouge, rose, bleu, violet, bruns ou gris, généralement imprimée sur un fond écru ou blanc.
On notera que la manufacture de Jouy-en-Josas n’a pas l’exclusivité de cette toile, mais que sa proximité avec le château de Versailles fait d’elle le chouchou de la Cour, de Louis XVI à Marie-Antoinette. Plus tard, Napoléon sera lui aussi l’un des fans de la toile avant qu’elle perde de son aura jusqu’à la disparition de la manufacture en 1843. Mais la mort de l’entreprise ne signifie pas pour autant la fin de la toile de Jouy dans nos intérieurs, elle a connu depuis une renommée internationale…
©Toile de Jouy, période Oberkampf
Les imprimés emblématiques de la toile de Jouy
Il faut dire qu’il était impossible que cette toile de Jouy disparaisse complètement quand on sait que la manufacture Oberkampf a laissé à la postérité pas moins de 30 000 motifs différents qui sont désormais réédités ou bien source d’inspiration pour de très nombreux créateurs en ameublement ou en habillement… et pour cause, les thèmes de prédilection de la toile de Jouy sont intemporels : l’amour, les arts, la mythologie, la nature !
(voir l’exposition consacrée à la toile de Jouy et à l’amour )
Le meunier, son fils et l’âne – Jean de la Fontaine ©Manufacture Oberkampf, 1806
Pour peindre ces toiles que beaucoup comparent aux » premières bandes dessinées de l’histoire « , des peintres de renom ont apporté leur savoir-faire, de Jean Pillement à Jean-Baptiste Huet, grand peintre animalier. Tous ont dépeint ce qui deviendra des classiques de la toile de Jouy: des scènes de genre, d’inspiration mythologique ou pastorale avec de nombreux animaux et des fleurs à profusion. Chacun y vaque à ses occupations qu’il s’agisse de chasse, de déjeuner sur l’herbe, de promenade en forêt ou du travail des champs. Il est aussi important de noter que la toile de Jouy avait à l’époque une vocation ludique et d’apprentissage des connaissances, on y retrouve donc des scènes de l’Histoire de France et même de très nombreuses fables de La Fontaine !
La collection croisière 2019 de Dior revisite la toile de Jouy
La toile de Jouy, emblème du bon goût à la française, rappelle évidemment le charme d’antan des maisons de campagne, ce petit air rétro des intérieurs authentiques. Et cette » madeleine de Proust « inspire toujours l’univers de la mode et de la décoration (assiettes, coussins, luminaires, parures de lit…), les créateurs aiment en effet surfer sur la vague actuelle des tissus imprimés pour redonner vie à cette étoffe, » à la manière de « la toile de Jouy !
A lire :