Votre projet est bien ficelé, le concept original, les prémices de l’étude de marché prometteurs… bref vous en êtes sûr, vous détenez l’idée de génie qui va changer votre vie ! La situation pourrait sembler idyllique si un dernier point ne venait pas hanter votre esprit. Une étape cruciale dont vous connaissez l’importance mais dont la méthodologie vous échappe quelque peu. Quel nom donner à cette marque textile ? Que les options se bousculent dans votre tête ou que seul, le néant s’offre à vous, nous vous accompagnons dans ce branle-bas cérébral pour tenter de trouver le meilleur épilogue à ce florilège d’interrogations.
La recherche d’un nom qui marque
La créativité, les idées, le talent ne suffisent malheureusement pas à se faire une place dans le contexte ultra concurrentiel du textile mode et déco. Il faut aussi jouer d’audace, d’originalité, savoir se distinguer. Multiples sont donc les enjeux à sélectionner LE bon nom, celui qui décrira le mieux votre future marque.
Faire le bon choix, c’est d’abord l’assurance de se démarquer de la concurrence, mais aussi la promesse d’assoir votre notoriété. Apposé sur vos collections, sérigraphié sur un tote bag et même brodé sur un sweatshirt, le nom constitue un repère évident pour les clients à venir, votre clientèle cible. L’identité entière de la marque repose sur lui. Et par chance, cette fois-ci, c’est vous qui le choisissez sans devoir subir un quelconque héritage familial…c’est déjà une première victoire, non?!
Comme le patronyme d’une personne physique, le nom est le premier contact de la personne morale avec son public, c’est aussi l’élément qui va perdurer dans le temps. Commencez par affiner votre stratégie marketing en définissant votre offre, votre positionnement, votre cible, en tenant compte du style, de l’esprit que vous souhaitez véhiculer auprès du public.
- Laisser infuser ses idées
Si votre choix de nom de marque ne s’arrête pas sur votre patronyme comme cela se fait souvent dans le monde de la mode (Christian Dior, Repetto, Hermès, Louis Vuitton, etc), générez toutes les idées (celles de l’entourage sont aussi les bienvenues d’autant plus si ces avis extérieurs sont en phase avec votre clientèle future) sans trop vous soucier, ni de la qualité, ni de la pertinence, c’est le volume qui prime. Durant ce brainstorming, suspendez tout jugement, encouragez les idées folles, le tri s’effectuera plus tard. Le plus important à ce stade, est de consigner toutes vos ébauches, sous peine d’oubli rapide. Tout peut être prétexte à inspiration, restez aux aguets !
Le brainstorming terminé, vous disposez normalement d’assez de matière pour entrer dans la phase d’analyse. Posez le champ de vos inspirations créatives par famille de mots. Délimitez quelques univers distincts et testez les possibles associations de mots, les différentes combinaisons. Mélangez les idées et remplacez certains mots par des synonymes. Vous parviendrez sans doute à extraire une douzaine de noms de marque susceptible de concorder avec vos critères d’exigence.
- Choisir avec stratégie
Afin d’épurer encore ces choix, raisonnez pertinence.
Pertinence de cible, car ce nom de marque doit sous-entendre la promesse forte adressée au public déterminé lors de l’étude de marché (style, âge, catégorie socio-professionnelle). Une marque pour une clientèle de jeunes mamans citadines et actives n’aura naturellement pas le même nom qu’une marque destinée à des adolescents sportifs et excentriques.
Pertinence de contexte aussi, le nom de marque doit représenter le monde du textile et de la mode, et doit dépeindre votre style, votre univers. Il pourra ainsi évoquer une image, un mot, une histoire ou une expression comme le fait « Peau éthique » proposant de la lingerie en coton biologique, « Bleu de Chauffe » avec son esprit de sac workwear qui tient son nom de la veste bleue des conducteurs de locomotive du début du XXe ou encore « Petit pan » qui nous renvoie directement à un univers d’enfant.
Le choix du nom
- Un nom facile à prononcer
Optez de préférence pour un nom court (un maximum de 5 syllabes est le plus souvent conseillé), dont la sonorité soit agréable à toutes les oreilles. Il doit être facile à prononcer. Au plus sa formulation sera simplifiée, au plus il sera mémorisable et sa promotion volubile (pensez aussi accessibilité d’orthographe en vue du marketing digital, aisance à le répéter pour optimiser le bouche à oreille).
- Un nom francophone ou étranger ?
Pour positionner votre marque sur le marché du Made In France, ou plus précisément en lien avec une localité ou votre région, il sera judicieux que votre nom fasse écho à ce lieu tout en évoquant votre contexte textile ou mode à l’image de « Le Jacquard français » (linge de maison) qui se positionne sur le marché de la fabrication française tout en gardant un rapport direct avec le produit textile tissé Jacquard. La marque normande « Saint James » connue pour ses pulls marins assume quant à elle son appartenance à un lieu et « Le coq sportif » affirme son domaine d’application qui est le sport et ancre sa marque avec l’emblème de notre pays.
Et l’international, vous y songez ? Un nom anglophone sera identifiable par un plus grand nombre de clients potentiels mais un nom français peut être très séduisant pour le marché international, pensez-y ! Et si vous cumuliez l’humour français et la langue anglaise comme la marque de vêtements « The French Kiss » avec son un clin d’oeil à notre réputation de séducteur ?!
Si vous envisagez l’invention d’un mot, pensez à vérifier son éventuelle signification dans une autre langue ! Cela permettra d’éviter quelques malheureuses déconvenues sur les marchés étrangers.
- La baseline, la signature complémentaire de votre nom
Pour assoir le contexte de votre marque (surtout si votre nom de marque est évasif par rapport à votre domaine de compétence), pensez à la baseline, ce slogan ou phrase qui accompagnera et renforcera le nom.
Descriptive en quelques mots, la baseline est accolée au logo. Cet élément de communication supplémentaire attire l’attention sur votre marque et favorise sa mémorisation (exemple avec « Dolce and Gabbana : The one« ).
Le slogan est aussi une façon efficace de souligner votre positionnement par rapport à vos concurrents (Exemples avec « Kiabi : la mode à petit prix » et «Eram : Il faudrait être folle pour dépenser plus !« ), il apporte une plus-value à votre marque sous forme de promesse. Ainsi « 1083 : borne in France » se lance le défi de fabriquer des jeans et des chaussures à moins de 1083 km de chez vous et « Petit Bateau » rassure les mamans sur la résistance de ses produits avec avec son célèbre slogan « A quoi ça sert d’imaginer des vêtements si on peut rien faire dedans« .
- Un nom indémodable
N’hésitez pas à vous projeter à moyen ou long terme pour effectuer votre choix. Qu’adviendra-t-il de votre marque dans plusieurs années ? Prenez en compte la dimension temporelle, car, si vous succombez au choix d’un nom à consonance trop moderne ou trop « dans la tendance du moment », il pourrait se démoder tout aussi vite. Autant on repense une stratégie, une charte graphique, on rajeunit un logo, on modifie une identité visuelle, mais on ne change pas le nom d’une marque !
- Toujours pas d’idée ?
Appuyez-vous sur quelques sites dédiés comme generateur.name, shopify, nomatic, ces générateurs de noms qui vous aideront à trouver de nouvelle idées de noms de société parfois insolites et même inventés. Gardez toutefois en tête qu’un nom inventé pourra être plus difficile à mémoriser s’il n’est pas rattaché à votre contexte.
Ces consignes appliquées, ne restent que 2 ou 3 noms potentiels. Testez-les auprès de votre famille, vos amis, votre réseau de clientèle cible et sondez l’impact des différentes propositions. Il apparaitra alors à vous comme une évidence …
Le nom de ma marque est-il disponible ?
Ne criez cependant pas victoire trop vite ! Quelqu’un d’autre n’a-t-il pas eu la même idée avant vous ? Vérifiez sa disponibilité sur le site de l’INPI. Et si vous avez la chance qu’il soit encore libre, pensez à le déposer dans les meilleurs délais !
En parallèle, faites une recherche sur Google pour vous assurer que personne ne l’utilise déjà depuis plusieurs années dans un domaine similaire au vôtre. Par exemple, la famille Lartigue crée en 2011 sa marque de linge de maison basque « 1910Lartigue » et utilise le nom de domaine « 1910 Lartigue.com » alors que le nom de domaine « Lartigue.fr » était déjà utilisé sur le web avant 2011 par une autre société, « Maison Lartigue & fils« , spécialisée dans les produits alimentaires locaux. Les domaines sont bien différents donc aucune des deux entreprises ne nuit à l’image de l’autre. On notera aussi que « 1910 Lartigue » a opté pour l’ajout de « 1910 » pour apporter une distinction de plus.
Dans le cas de marques développées dans le même domaine, il faut savoir que l’ancienneté d’usage des noms est reconnue et donne la priorité à celui qui utilisait ce nom de marque avant vous, même sans l’avoir déposé préalablement à l’INPI. Gare donc aux noms trop proches avec une lettre, un tiret ou un mot en plus ou en moins, qui pourraient prêter à confusion et induire vos clients en erreur. Cela ne serait de toute façon pas bénéfique à votre marque qui prendrait le risque d’être lésée lors des recherches de vos futurs clients sur le web au profit de la marque « copiée ». Ce serait dommage de diriger vos clients dans les bras de votre concurrent…
Muni(e) de ces précieux conseils, et même si solution la plus fiable, mais la plus onéreuse aussi, serait de faire appel agence de naming, ne perdez pas de vue que vous êtes un créatif, et que ce nom de marque sera sûrement la plus belle de toutes vos réalisations.
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Comment protéger son nom de marque textile (et nom de domaine) ?